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Joana Guerrin
Collaboratrice scientifique externe
À l'IGD jusqu'en 2019

Ma Chamberonne

Participation du public et décision dans les projets d'aménagement de rivières

Résultats de la Phase 1 du projet de recherche et suites données au projet

Unibat & IGD

Joana Guerrin, Emmanuel Reynard, François Bavaud, Anne-Sophie Gavin.

Présentation

Sur mandat d'UNIBAT, l'Institut de géographie et durabilité (IGD) mène un projet de recherche sur la participation du public dans le cadre du projet de renaturation de la Chamberonne. La phase initiale de ce projet (octobre 2016 – février 2017) prévoyait d'identifier les usages de la rivière et les représentations des acteurs autour de la Chamberonne. Ce document a pour objectif de présenter les principaux résultats de cette phase initiale.

La méthode

Les chercheurs ont mené une enquête mêlant instruments qualitatifs (entretiens) et quantitatifs (questionnaire). Un questionnaire en ligne a été proposé à l'ensemble de la communauté universitaire. 1435 personnes ont répondu au questionnaire dans sa totalité.

Les résultats

La Chamberonne permet des activités nombreuses. Cette enquête a permis de mettre en évidence la grande variété des activités et des usages relatifs à la Chamberonne. Deux types d'activités dominent : celles qui concernent la mobilité et les déplacements et les activités contemplatives et de ressourcement. Bien que les usages soient très nombreux et diversifiés, ils semblent se développer de manière harmonieuse. Tout au plus peut-on évoquer une légère rivalité –non limitée au cas de la Chamberonne – entre sportifs et promeneurs de chiens.

La Chamberonne paraît être une rivière « naturelle ». Une très large majorité des usagers considère cette rivière comme étant naturelle et de bonne qualité, alors que tant du point de vue physique (nombreux aménagements et endiguements, sur tout le linéaire) que du point de vue de sa qualité (pollution des eaux), la rivière présente un caractère de non-naturalité évident pour les spécialistes.

Pourquoi la renaturer ? Cette perception se traduit par un questionnement qui semble partagé par un nombre important d'usagers. Si la Chamberonne est perçue comme une rivière naturelle, la renaturer apparait superflu. Des craintes de possibles effets négatifs des travaux de renaturation sont partagés par des usagers, du point de vue de l'impact sur la flore et le patrimoine bâti existant. L'enquête met en évidence la valeur patrimoniale de certains éléments liés à la rivière comme le pont de bois qui relie l'Anthropole à l'Unithèque ou le pont situé sur le delta.

Aménager la Chamberonne pour s'en rapprocher. Pour la plupart des usagers, la Chamberonne mérite bien d'être aménagée, mais pour faciliter son usage et s'en rapprocher. Cette rivière que l'on ne voit pas mériterait d'être valorisée et davantage intégrée dans les atouts qu'offre le campus. Les aménagements souhaités varient selon les interlocuteurs, comme des tables et des bancs pour manger, étudier, lire, ou des équipements sportifs (les kayakistes aimeraient qu'une hauteur d'eau minimale soit garantie pour permettre de remonter la rivière, les adeptes de la course à pied insistent sur des parcours à revêtement naturel). Des répondants souhaiteraient voir la signalétique développée autour de la rivière afin de mettre en valeur la faune et la flore ou encore faciliter les parcours de mobilité sur le campus.

Pas touche à Ma Chamberonne ! A l'inverse, certains membres de la communauté universitaire voient d'un mauvais œil tout aménagement de la rivière qui signifierait une fréquentation plus importante et un impact négatif sur l'environnement. Ils voient la rivière comme déjà très modifiée par l'homme et souhaitent que la faune et la flore soient moins perturbés par les activités humaines.

Un aménagement intégré dans l'environnement. Enfin, des positions intermédiaires émergent. Des réponses évoquent des aménagements intégrés dans leur environnement, assez peu visibles, respectueux de l'écologie du site. Sont proposés aussi que les aménagements de nature à augmenter la fréquentation soient limités dans l'espace afin que certains tronçons restent peu aménagés et propices au développement de la nature avec peu d'intrusion humaine.

Une rivière sur le campus. Il faut mentionner l'intérêt que porte la communauté universitaire à la Chamberonne. Tant le succès du questionnaire que l'intérêt de nombreux répondants et de plusieurs interlocuteurs institutionnels interrogés pour participer plus avant à l'enquête démontrent un attachement réel à la rivière. Une grande majorité des répondants possède une perception très positive de la Chamberonne. Cette dernière constitue en quelque sorte une colonne vertébrale « naturelle » traversant le campus de Dorigny. Bien qu'elle provoque un certain effet de barrière, elle n'est pas perçue comme telle et ne semble pas impacter négativement les activités et les déplacements des membres de la communauté universitaire. Néanmoins, la rivière n'est pas toujours connue par les membres de la communauté universitaire et elle ne constitue pas un élément central de l'image de l'université (à ce titre, les moutons de Dorigny semblent être nettement plus distinctifs). La Chamberonne semble plutôt participer à l'image d'écrin naturel véhiculée par le campus de Dorigny qu'il importe pour certains usagers de préserver et de mettre en valeur.

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier les financeurs du projet, les étudiants du cours Méthodes qualitatives (2016-2017) du Bachelor en géosciences et environnement qui ont participé par leurs travaux à ce projet de recherche, ainsi que tous les acteurs qui ont participé à l'enquête en répondant au questionnaire distribué durant l'hiver 2016 et aux entretiens réalisés avec des institutions situées sur le campus de Dorigny.

Les suites du projet

Le projet de recherche Ma Chamberonne a été mené dans le cadre d'un plus vaste projet de renaturation de la rivière sur le site de Dorigny. Ce dernier est piloté par la Ville de Lausanne et financé par plusieurs acteurs institutionnels, dont l'Unil. Le projet de renaturation traite de la requalification de la rivière du point de vue hydraulique et écologique, mais également des questions paysagères, de mobilité et d'aménagement. L'étude Ma Chamberonne a permis aux responsables du projet de renaturation de mieux connaitre la communauté académique de l'Unil, ses attentes et ses souhaits autour de la rivière. Les résultats de cette enquête seront à la base d'un atelier participatif autour de l'aménagement de la rivière, organisé au sein de l'Unil et dont les résultats seront intégrés au développement du projet de renaturation.

Synthèse du rapport de projet Ma Chamberonne - Phase I