Résumé: |
La recrudescence de la visibilité du fait religieux interroge la société sécularisée et la ville. La sécularisation de la société a engagé un mouvement de séparation avec une pratique sociale, la religion, devenue pratique individuelle et non plus englobante. A ce titre, la religion tout comme son bâti s’est mise en retrait au profit d’un espace public sécularisé.
Mais la ville contemporaine, plurielle dans ses acteurs, est également devenue plurireligieuse. Elle a mis en exergue de nouveaux mouvements religieux visibles, dynamiques et en croissance comme l’islam ou la branche évangélique du protestantisme. Leurs investissement de l’espace public par de nouvelles constructions, l’investissement de locaux, vont a priori à l’inverse d’un fait religieux écarté de la société séculière et questionne ce que l’on appelle l’espace public urbain et sa neutralité dans leur recherche de visibilité.
Le cas de deux implantations d’églises évangéliques à Genève et Lausanne illustre la particularité du fait religieux et de sa reconfiguration actuelle. La charge normative séculière et de vivre-ensemble de l’espace public conduisant à la mise en retrait du fait religieux et de sa visibilité ne semble pas faire problème pour ces communautés qui s’insèrent dans le tissu urbain de manière neutre. Ils s’adaptent au contexte urbain et à une pratique de la religion devenue individuelle et choisie. Ces stratégies d’implantation ont de surcroît un apport considérable à la construction et l’aménagement durable des villes puisque leur bâti est plurifonctionnel : à la fois lieu de culte et lieu accueillant d’autres fonctions. Ils redeviennent centraux, affirment la religion comme un acteur réel de la ville et de la société et révèlent un pan de la reterritorialisation du religieux.
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