Résumé: |
Depuis la Révolution islamique de 1979, la population iranienne vit sous le joug d’un régime autoritaire et théocratique, portant l’intention de contrôler tous les aspects de la vie sociale. Toutefois, en tant que berceaux des mouvements de contestation depuis plus d’un siècle, le centre et le Nord de Téhéran font figure d’exceptions. Les jeunes, en particulier, n’y adhèrent guère aux normes islamiques ni aux contraintes sociales qui en résultent. Fuyant le contrôle familial du domicile, nombre de ces jeunes se réfugient dans les parcs urbains parsemant la mégapole.
Par leur matérialité (végétation, aménagement, etc.), et par la place qu’ils occupent dans les pratiques quotidiennes (loisirs, détente, etc.), les parcs urbains se distinguent passablement du reste de l’espace public. En tant qu’espaces vécus, perçus, et produits par les jeunes qui les fréquentent, ces lieux s’appréhendent comme des oasis de liberté. Ils deviennent dès lors les territoires privilégiés de la jeunesse téhéranaise, qui ressent la légitimité de s’y adonner à des pratiques sociales opposées aux lois ou aux normes islamiques.
Grâce à la répétition de ces pratiques, les jeunes participent à transformer la normalité. Pourtant, leur discours dépeint des individus dépolitisés et fatalistes, et n’indique aucune intention de résister. Leur quête quotidienne de plaisir se présente alors comme un redoutable outil politique, principal responsable de la transformation du champ social dans la capitale iranienne. |