| Résumé: |
Ce travail de recherche s’intéresse aux modalités de l’accès à l’eau des migrants andins dans
la ville bolivienne de Santa Cruz de la Sierra à travers deux quartiers de la zone de concession
de la plus grande coopérative de service public d’eau au monde : SAGUAPAC.
Il existe en Bolivie des tensions basées sur l’ethnicité entre les personnes originaires des
plateaux andins, les collas, et les habitants des plaines orientales du pays où se trouve la ville,
les cambas. Ce phénomène est visible dans l’espace urbain ainsi que dans les mœurs des
habitants de la ville de Santa Cruz. En effet, de fortes migrations ont eu lieu des Andes vers les
plaines orientales depuis la « marche vers l’Orient » débutée dans les années 1950, et sont
toujours importantes aujourd’hui. Ce phénomène est la source de tensions entre les cambas
et les collas, ces derniers étant vus comme des envahisseurs. La coopérative d’eau SAGUAPAC
oriente ses discours en fonction de l’identité et des mythes locaux afin de pouvoir perdurer à
travers le temps. La ségrégation existante dans la ville ainsi que les discours portés par la
coopérative peuvent avoir un impact sur l’organisation de SAGUAPAC, ainsi que sur la
perception de la coopérative par les usagers. Cette recherche porte donc sur l’analyse de la
distribution d’eau, ainsi que de la perception des usagers par rapport à la coopérative dans
deux quartiers, l’un central à majorité camba et l’autre périphérique à majorité colla.
Les différents entretiens ont permis de prouver qu’aucune ségrégation n’est effectuée de la
part de SAGUAPAC dans la distribution de l’eau à travers les deux quartiers. En effet, tous les
habitants sont satisfaits du service offert par la coopérative, qui est de qualité similaire dans
toute sa zone de concession. Cependant, les habitants cambas ont une moindre confiance
envers SAGUAPAC que les habitants collas. Les premiers sont sceptiques quant aux discours
de la coopérative, notamment ceux relatifs à la qualité de l’eau ou à la gestion de leurs
revenus. |