Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 48
Auteur: YERLY-BRAULT François
Année: Janvier 2020
Titre: L’écologie profonde par-delà action et contemplation : l’ontologie et le politique dans l’œuvre d’Arne Næss
Sous la direction de: Dr Gérald Hess et Dr Caroline Lejeune
Type: Mémoire de master en durabilité
Pages: 153
Complément:
Mots-clés: Ecologie profonde / Arne Næss / eudémonisme écocentré / philosophie environnementale / éthique environnementale / philosophie politique / apolitisme / vita activa / refondation ontologique / eudémonisme politique / réalisation de Soi / humanités environnementales
Résumé: L’écologie profonde comme mouvement philosophique s’opposant à la destruction des milieux de vie, formulée pour la première fois par le philosophe norvégien Arne Næss en 1973, a mauvaise presse. La refondation ontologique de nos visions du monde et l’accent mis sur l’éthique de la réalisation de Soi sont souvent interprétés — de manière réductrice — comme les caractéristiques d’une pensée individualiste et apolitique nous enjoignant à nous reconnecter à une « nature » qui se réduirait aux grands espaces sauvages prétendument sauvegardés d’une action humaine destructrice par essence. Ce préjugé tenace sur l’écologie profonde de Næss a fait obstacle à un examen d’une pensée profondément engagée dans la reconsidération de nos conceptions ontologiques et axiologiques, mais aussi politiques à l’aune des enjeux sociaux et environnementaux contemporains. Dans cette recherche, je montre dans un premier temps comment situer l’écologie profonde dans l’histoire de la pensée et dans le champ des humanités environnementales en soulignant la tension qui traverse ce projet revendiquant à la fois le pluralisme moral et à la fois une conception bien précise du bonheur et de l’épanouissement dans un rapport profondément renouvelé avec la nature non-humaine. Ainsi, je propose un commentaire général de la philosophie environnementale de Næss, avant de la confronter — dans un second temps — aux critiques issues d’autres écologies radicales comme l’écologie sociale et l’écoféminisme. Ces critiques dénoncent l’apolitisme de la philosophie de Næss : elles me serviront comme point de départ pour proposer une interprétation originale de son œuvre à partir de considérations fondamentales sur le politique — de poser les jalons d’une philosophie politique de l’écologie profonde. Je montre ainsi que le dualisme propre à un courant dominant de la philosophie occidentale opposant l’action à la contemplation (la vita activa à la vita contemplativa) peut être dépassé au moyen d’une lecture de l’écologie profonde articulant considérations ontologiques, éthiques et politiques. Ce dépassement pourrait également ouvrir à une unification entre les réflexions issues de l’éthique environnementale et celles issues de l’écologie politique.