Résumé: |
La Suisse a connu ces dernières années l’émergence d’une mobilisation pour le climat, critiquant l’insuffisance des politiques et revendiquant l’urgence climatique. Au cœur de ce mouvement, l’Association Suisse pour la Protection du Climat a lancé une initiative populaire – l’initiative pour les glaciers –, dont le but est de réduire les émissions de gaz à effet de serre à zéro net d’ici à 2050. Cet outil politique, spécifique au contexte démocratique suisse, nous interpelle par sa forme particulière, son objectif et par l’engouement qu’il a suscité. Par la mobilisation du cadre théorique et analytique de l’Environmental politics et de la sociologie des mobilisations, ce travail s’interroge sur la contribution politique des instruments de démocratie directe dans la protection du climat. Au travers de l’analyse du cas de l’initiative pour les glaciers basée sur des entretiens et des sources documentaires, nous mettons en lumière les limites de cette initiative à répondre conséquemment aux enjeux climatiques. L’ineffectivité de l’ajout d’un article constitutionnel, la forme conventionnelle de cet instrument, l’acceptabilité populaire et politique d’un objectif « radical », ou encore les institutions démocratiques elles-mêmes constituent des freins à une réponse ambitieuse. Cette recherche montre toutefois l’importance de l’initiative pour les glaciers en tant qu’outil de politisation de la question climatique. Nous suggérons également, en prolongement de ce travail, de considérer les limites évoquées comme des leviers au changement, qui participent à une mise en débat de la question climatique. |