| Résumé: |
La mise en oeuvre d’une infrastructure ferroviaire modifie les rapports de proximité et d’accessibilité des quartiers directement touchés. Le renforcement de la desserte en transports publics assume un rôle central dans le choix résidentiel des ménages en raison de la création de nouvelles potentialités de déplacement à exploiter. L’amélioration de la qualité des déplacements augmente l’attractivité des quartiers en favorisant l’installation des différentes typologies de ménages. Ces enjeux peuvent être à l’origine de mutations résidentielles qui varient en fonction de la stratification sociale des quartiers. L’ouverture d’un réseau ferroviaire transfrontalier, tel que le Léman Express, fournit les conditions cadres optimales pour approfondir ces changements socio-spatiaux sur le territoire suisse. Ces divers constats amènent à la question de recherche : « la réalisation d’un réseau ferroviaire peut-il générer un processus de gentrification dans les quartiers desservis par les nouvelles lignes ? ». La réponse à cette question est approfondie en analysant la stratégie résidentielle des ménages et leurs pratiques de mobilité, afin de comprendre l’influence du Léman Express sur leur choix résidentiel. Le terrain d’étude choisi pour effectuer cette recherche s’appuie sur deux nouveaux quartiers à Lancy : le quartier d’Adret Pont-Rouge à proximité de la gare de Pont-Rouge et le quartier de la Chapelle à proximité de la gare de Lancy-Bachet. Les données ont été récoltées à travers des entretiens exploratoires soumis aux observateurs clés et une enquête par questionnaire auprès des habitants. En particulier, cette dernière a permis d’identifier le profil, la trajectoire, les motivations et les pratiques de mobilité des ménages. La présence de l’infrastructure ferroviaire, associée aux pratiques de mobilité multimodale, est donc un élément de choix essentiel dans le processus décisionnel des habitants. Les résultats ont montré un impact réel du réseau sur les motivations résidentielles liées aux qualités fonctionnelles. Les aspirations résidentielles des ménages ont démontré que les CSP+ s’approprient et profitent davantage des potentialités de déplacement pour accroître leur capital spatial par rapport aux autres types de ménages. Ces inégalités sont à l’origine d’un processus de « new-build gentrification » qui varie selon les caractéristiques socio-économiques des ménages et la typologie du logement occupé. |