Résumé: |
Le ré-ensauvagement est une forme de protection de la nature qui vise à renforcer l’autonomie naturelle et minimiser les interventions humaines au sein d’un milieu. Ce principe est mobilisé selon diverses conceptions depuis les années 1990, mais l’une de ses définitions plus récente met l’accent sur le ré-ensauvagement passif, aussi appelé remise en libre évolution de la nature, qui consiste à une non-intervention. Ces pratiques de protection de la nature, soulevant de nombreux enjeux écologiques, sociaux et politiques sont pourtant encore rares et peu étudiées, en particulier dans le cas des forêts et sous l’angle des sciences humaines. Le Parc naturel périurbain du Jorat, doté d’une zone centrale dédiée à la libre évolution des processus naturels, présente un cas intéressant pour approfondir le sujet des controverses autour du ré-ensauvagement des forêts et de la représentation de la nature sauvage en milieu périurbain. Ce travail, basé sur des entretiens semi-directifs ainsi qu’une enquête par questionnaire, montre d’une part que la volonté de remettre en libre évolution une portion du Jorat se heurte à une vision utilitariste et traditionnelle de la forêt entretenue, adoptée par une partie de la population locale. D’autre part, cette recherche met en avant les bénéfices qui découlent de la libre évolution, d’ordre écologiques et sociaux principalement, mais elle attire également l’attention sur le fait que ce type de gestion ne peut pas prendre place partout car elle n’est pas à même d’assurer certaines fonctions forestières indispensables. |