Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 432
Auteur: RENAUD Alain
Année: Juillet 1998
Titre: Atlas de la santé des adolescents en Suisse. Volume 1: Méthodologie; Volume 2: Cartographie
Sous la direction de: Prof. Micheline Cosinschi
Type: Mémoire de licence en géographie
Pages: 111 + 73
Complément:
Mots-clés: Géographie de la santé / Atlas / Méthodologie / Sondages / Adolescents / Intégration scolaire et sociale / Comportements à risques / Suicides / Drogues / Alcool / Sexualité / Accidents / Médicaments / Médecins / Suisse
Résumé: Contexte : Les adolescents forment la seule classe de la population dont la santé ne s'est pas améliorée depuis une trentaine d'années. Accidents de la circulation et suicide constituent les deux principales causes de mortalité des jeunes ; l'ensemble des morts violentes représente 74 % des décès d'adolescents, contre un tiers entre 10 et 14 ans ou 7 % pour la population suisse ! Cette surmortalité violente étant caractéristique de l'adolescence, il convient dans une optique de prévention de l'approcher par une stratégie particulière, les indicateurs de mortalité et de morbidité traditionnels n'étant que d'un faible secours. Il est donc nécessaire d'étudier la \"santé\" dans son acceptation la plus large, en englobant la perception que les jeunes ont d'eux-mêmes, leur manière de vivre, leur vécu. Cette approche est largement reconnue depuis que l'Organisation mondiale de la santé a défini en 1946 la santé comme \"état de bien-être physique complet, physique, mental et social, et pas simplement l'absence de maladie ou d'infirmité\". L'objectif de cette recherche est de dresser une photographie accessible et attractive de la santé des adolescents scolarisés de 15 à 19 ans habitant en Suisse. Sa particularité est de se baser sur un sondage, l'Enquête suisse sur la santé et le style de vie des adolescents dirigée par Institut universitaire de médecine sociale et préventive, seule source nationale disponible pour cette tranche d'âge (3993 filles et 5275 garçons sur les 423'134 adolescents qui habitent en Suisse en 1990). La géographie de la santé se base en effet le plus souvent sur des données considérées comme exhaustives (tables de mortalité, déclarations d'hospitalisation). Explorer la pertinence et la faisabilité d'utiliser une enquête nationale de santé par questionnaires auto-administrés constitue donc le fil rouge de cette recherche. Méthode : L'influence de la petite taille de certains échantillons régionaux sur la validité des résultats a conditionné la méthode adoptée : un ensemble de mesures sont prises \"parfois successivement, parfois en parallèle\" pour consolider une compréhension correcte des résultats : * La base de données est restructurée en vue de son traitement géographique. Les variables sont codées de manière à augmenter la validité des résultats, refléter les réponses des adolescents interrogés et servir les besoins des méthodes utilisées. Un système cohérent de 14 régions réunissant suffisamment d'individus pour assurer la validité des analyses postérieures est créé à partir des trente lieux de domicile disponibles. * La structure de l'échantillon ne correspond pas exactement à celle de la population réelle en terme d'âge, de sexe et de formation. Etant donné que de nombreuses études ont prouvé que ces facteurs influencent le style de vie et la santé d'un adolescent, l'échantillon a été redressé de manière à ce que ce décalage n'apparaisse pas sur la carte. Le modèle logit a été utilisé pour estimer l'impact de l'âge, du sexe et de la formation sur les variables étudiées. * Pour assurer le passage des données chiffrées aux couleurs de la carte, cette recherche utilise une méthode manuelle de mise en classe qui tient compte de l'étroitesse de certains échantillons régionaux et du risque d'erreur qui en découle. Ces opérations font l'objet du premier volume. Résultats : Le second volume (l'atlas proprement dit) est consacré à la présentation des résultats. Dans la lignée des précautions énoncées précédemment, celle-ci fait l'objet d'une attention particulière : une double page est réservée à chaque variable. A la carte et à son commentaire se juxtaposent ainsi les définitions, tableaux et graphiques résumant l'ensemble des opérations effectuées et permettant d'évaluer leurs effets. Les cartes sont confrontées, lorsque c'est possible, aux résultats d'autres enquêtes (recensements, tables de mortalité, rapports de police, sondage similaire auprès des 12-16 ans). Une synthèse des résultats montre que variables et régions se regroupent en ensembles cohérents, tant du point de vue de la santé publique que de critères économiques et sociaux : la consommation de drogue est un phénomène essentiellement urbain; l'échec scolaire, une mauvaise image de soi et la consommation de médicaments contre l'angoisse, par contre, semblent révéler des différences d'habitudes sociales ou culturelles et distinguent les cantons latins de la Suisse alémanique. Conclusion : Une cartographie de données de santé à partir d'un questionnaire auto-administré est réalisable, mais exige une démarche particulière, ardue et prudente. Elle nécessite des méthodes originales, de l'élaboration de la base de données à la présentation des résultats. Si ces conditions sont remplies, la carte constitue un outil performant et attractif. Elle met en évidence des structures qui ne peuvent être repérées dans un tableau de résultats et stimule ainsi la formulation d'hypothèses.