Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 450
Auteur: SCHERER Fredy
Année: Octobre 1998
Titre: Assurance Invalidité: le code 646: Approche géographique et sociologique des «troubles réactifs du milieu»
Sous la direction de: Prof. Jean-Bernard Racine
Type: Mémoire de licence en géographie
Pages: 83
Complément: 11 annexes hors-texte
Mots-clés: Géographie de la santé / Sociologie / Santé publique / Assurances sociales / Assurance invalidité (AI) : code 646 / Maladies psychomatiques / Typologie des cantons / Consommation médicale / Chômage / Localisation des cantons périphériques: Uri / Obwald / Nidwald / Schwytz / Grisons / Valais / Appenzell Rhodes-Intérieures / Suisse
Résumé: Notre question de recherche a été formulée de la manière suivante: pourquoi y a-t-il eu entre 1986 et 1996 une augmentation de plus de 280% du nombre de personnes bénéficiant d'une rente AI pour cause de la maladie du code 646? La question de l'accroissement de rentiers 646 s'est inscrite dans la problématique de la \"société de travail\" occidentale de la fin du XXe siècle qui valorise essentiellement le travail rémunéré, qui connaît un chômage élevé et dans laquelle le financement de la santé publique pose de plus en plus de problèmes. Ce travail s'attache ainsi à déceler s'il existe une explication spatiale au niveau de nos 26 cantons du fait qu'on enregistre dans le canton d'Obwald proportionnellement 10 fois moins de bénéficiaires de rente AI pour cause de la maladie du code 646 que dans le canton de Bâle-Ville. A cet effet, une typologie de cantons a été utilisée. Etant donné qu'il s'agit d'une recherche exploratoire nous nous sommes attachés, dans la première partie, à dresser un bilan de la répartition spatiale du nombre de rentiers 646 par canton. Nous nous sommes également intéressés aux trajectoires de vie de rentiers 646 dans le canton de Vaud. Pour ce faire, 92 dossiers médicaux ont été dépouillés dont 10 ont fait l'objet d'une analyse plus approfondie. A partir de là, un rentier-type SDSP 646 (syndrome douloureux somatoforme persistant) a été construit. Dans la seconde partie de notre travail nous avons tenté de mettre en évidence des facteurs permettant de comprendre ou même d'\"expliquer\" l'accroissement du nombre de rentiers 646. Les différentes analyses mettent à jour les points principaux suivants: * les cantons périphériques (UR, SZ, OB, NW, AI, GR, VS) enregistrent en 1996 non seulement les taux de rentiers 646 les plus bas de tous les types de cantons, mais ils connaissent aussi le plus faible accroissement du taux de rentiers 646 entre 1986 et 1996. Il se peut que les habitudes de consommation, la vie sociale, le rapport au territoire dans les cantons périphériques constituent un \"frein\" à la \"prolifération\" de rentiers 646.? Pour mieux comprendre ce phénomène nous essayons, avec D. T. Herbert, de relier l'état de santé à l'environnement urbain. Nous parlons de la relation entre la santé, le milieu et le mode de vie par l'intermédiaire de Luc Loslier et de Henri Laborit (acte gratifiant). Nous suivons les études de Bassand dans lesquelles des éléments négatifs des régions urbanisés, qu'il appelle \"anomie aiguë\" (divorce, suicide), sont découverts. * le taux de chômage, à notre étonnement, n'est pas lié au taux de rentiers 646 selon nos calculs statistiques. * la consommation médicale joue un rôle certain dans l'explication du taux élevé de rentiers 646. Nous avons en effet pu déceler que plus le coût moyen de l'assurance-maladie obligatoire par assuré ou plus la densité des médecins en pratique privée sont élevés plus le taux de rentiers 646 est élevé. Une manière de stopper l'augmentation du nombre de rentiers 646 consiste à mettre en place des pratiques préventives de type global. A ce sujet il faudrait que les représentants du politique et de l'économie prennent leurs responsabilités en essayant d'intégrer les personnes par le travail plutôt que de les exclure par le biais du chômage ou de l'AI. En ce qui concerne les coûts de la santé, il y a là une réflexion de fond à faire à laquelle nous n'échapperons pas, car selon J. Rifkin nous sommes en train de passer d'une société de travail à un société de loisir . Somme toute, il nous semble que l'AI ne peut faire l'économie de prendre position face à une \"société de travail\" qui ne sait que reconnaître les gens \"aptes\" à assumer un emploi rémunéré et ceci d'autant plus que la priorité de cette assurance sociale consiste à réinsérer les \"handicapés\" dans le système de production. Il en va du rôle social de l'AI et de son financement.