Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 466
Auteur: FRUND Benoît
Année: Juillet 1999
Titre: L'espace sacré en question: Des clés de lecture de la ville par l'intermédiaire de ses lieux sacrés: l'exemple de Iasi (Roumanie)
Sous la direction de: Prof. Jean-Bernard Racine
Type: Mémoire de licence en géographie
Pages: 93
Complément:
Mots-clés: Géographie humaine / Géographie urbaine / Espace sacré / Monastères / Désacralisation / Déplacements du sacré / Lieux / Cheminements / Villes sacrées / Ville / Iasi / Roumanie / Europe de l'est
Résumé: Cette recherche tente de faire le point sur le savoir géographique en matière de sacré. Il s'agit de voir comment l'homme inscrit sa relation au sacré dans l'espace urbain d'aujourd'hui et d'explorer le sacré et ses manifestations dans l'espace en partant de l'idée que il est en mutation perpétuelle et qu'il existe des façons insoupçonnées de l'aborder et de le vivre. Dans un premier temps, la recherche s'attache à donner une définition du sacré, puis de l'espace sacré. Une certain nombre de critères de reconnaissance sont définis : c'est un espace clos, mis à l'écart du reste du monde, dont le seuil a une grande importance ; il fait partie du domaine de l'incompréhensible, du Tout-Autre. Les fonctions qu'on attribue aux espaces sacrés, leur morphologie, leur fonctionnement et leur symbolique sont ensuite étudiés. On tâche de comprendre les processus de création d'un espace sacré et les spécificités que le distinguent d'un espace profane. L'espace sacré sert de pont, de lien, vers l'altérité radicale, le Tout-Autre. Il permet à l'homme de s'orienter dans le monde, de se constituer des repères. C'est un espace inutile au sens économique du terme, il sert à habiter la distance qui sépare le monde profane d'un autre monde où l'économie n'a pas de rôle à jouer. C'est un espace de gratuité, il est donneur de sens.L'étude des villes sacrées et des lieux sacrés dans les villes quotidiennes s'attache ensuite à tracer les grandes lignes de la géographie sacrée urbaine. On montre comment certains modèles de villes sacrées ont influencé la construction de nombreuses cités et comment la mythologie et la cosmologie ont pu façonner les décisions des constructeurs au cours des siècles. Dans notre monde que l'on dit sécularisé, on construit encore des espaces sacrés. Les architectes s'intéressent à la problématique de le création de lieux qui constituent des repères sacrés dans nos villes. La désacralisation semble pourtant à l'ordre du jour. C'est en tout cas ce que pense une majorité de chercheurs. Or cette recherche tente de montrer qu'il existe des voies divergentes pour aborder le sacré aujourd'hui. En partant du principe que le sacré peut être considéré comme indépendant du religieux et qu'il constitue un besoin fondamental de l'homme, on fait l'hypothèse qu'il n'a pas disparu, mais qu'il s'est transformé et qu'il se transforme encore. Les thèses du déplacement du sacré ouvrent des perspectives de recherche intéressantes : elles nous obligent à nous demander quel principe unificateur existe dans la société moderne. La recherche tente donc de trouver des outils d'analyse qui permettraient de découvrir les espaces sacrés qui ne diraient pas leur nom. En utilisant notamment un modèle proposé par Moles et Rohmer (1981), on tente de voir comment le sacré est vécu dans une ville de Roumanie, Iasi. Parmi les espaces sacrés que l'on peut trouver à Iasi, il en est un qui est particulièrement intéressant, c'est le monastère. Ce lieu sacré correspond en effet parfaitement aux critères de reconnaissance définis plus haut. Dans ce laboratoire de recherche, on essaie de confronter les éléments d'analyse découverts au cours de la première partie de l'étude à la réalité du terrain, en espérant que l'on pourra en tirer quelques hypothèses structurantes.