| Résumé: |
Approche écologique visant à délimiter un substrat culturel favorable à l'idéologie nationaliste hindoue au travers de l'analyse croisée de variables socioculturelles et des scores électoraux du Bharatiya Janata Party au élections générales indienne à la Lok Sabha de 1996 et 1998.
Le nationalisme hindou est un sujet dont on parle peu eu égard aux enjeux dont il est porteur. D'aucun considèrent cette idéologie comme une menace sérieuse pour la démocratie indienne, la plus grande du monde. L'aile politique du mouvement est constituée principalement du BJP (Bharatiya Janata Party - parti du peuple indien), parti désormais (depuis les élection anticipées de mars 1998) au pouvoir au sein d'une coalition bricolée.
Les études sur le sujet sont naturellement très nombreuses, mais peu sont le fait de géographes, et aucune ne prend en compte à ce jour les derniers résultats électoraux du BJP. Son actualité et l'originalité de l'approche sont donc les garants de l'aspect prospectif de la recherche.
Ce mémoire est le troisième volet d'un corpus de travaux sur l'Inde. La première étape avait consisté en la réalisation d'un fond de carte à l'échelle de districts (467 en 1991), la seconde en la constitution d'un petit atlas thématique basé sur les données issues des importants recensements décennaux indiens. Quant au mémoire, la ligne de force de la problématique, la volonté de croiser des variables culturelles à des scores électoraux, se heurte à l'incompatibilité des unités géographiques de récolte des deux types de données. C'est là l'origine de la première démarche, l'agrégation empirique (sur la base de comparaison de cartes) du fond des districts en un nouveau fond à l'échelle d'unités instrumentales (les divisions, au nombre de 282), et la saisie des données puis leur synthèse en une matrice croisée fonctionnelle.
Ces outils acquis, il s'est agit d'en tester l'efficience au sein d'un champ conceptuel élaboré sur la base de la littérature existante. Plusieurs méthodes statistiques sont envisagées pour évaluer, dans une démarche de type écologique, les rapports qu'entretiennent le \"structurel\" (la permanence de \"méga-régions\" culturelles historiques et leur traces socioculturelles) et le \"conjoncturel\" (les circonstances de l'évolution des \"votes safran\", (i.e. nationalistes)). Considérant la faiblesse des coefficients de corrélation, la plus pertinente de ces méthodes s'avère être l'analyse en composantes principales, qui révèle des structures sous-jacentes d'une grande netteté. Mais ces résultats encourageants mènent ici à une impasse concrète: à la richesse des interprétations suggérées devrait faire face un bagage cognitif du contexte bien supérieur à celui dont peut se prévaloir l'auteur... On tente pourtant, mais sans grande conviction, une relecture personnelle du territoire politico-culturel indien.
Au-delà d'une approche écologique d'un genre peut-être quelque peu désuet, ce mémoire comporte d'une part une importante composante théorique, qui tente de mettre en valeur les aspects géographiques des stratégies de conquête des mouvements nationalistes hindous, ainsi qu'une certaine logique d'\"atlas thématique\", culturel et politique, dont témoigne la très riche iconographie. On a porté un effort particulier sur une mise en forme qui se veut attrayante, propre espérons-nous à capter l'attention d'un lecteur de prime abord peu concerné par ce sujet passionnant. |