Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 476
Auteur: REUSE Stéphane
Année: Juillet 1999
Titre: Etude d'un projet urbain dans le contexte de la ville africaine: le cas «Ouaga 2000»
Sous la direction de: Prof. Jean-Bernard Racine
Type: Mémoire de licence en géographie
Pages: 146
Complément: 23 fig., 12 tableaux, 2 graphiques,15 photos
Mots-clés: Géographie humaine / Géographie urbaine / Géographie sociale / Projet urbain / Ouagou 2000 / Lotissements / Expulsions / Quartier spontané / Décentralisation / Développement / Acteurs décisionnels / Pouvoir Politique Sahel / Ouagadougou / Burkina Faso / Afrique
Résumé: En Afrique Noire, le milieu urbain se caractérise par une croissance spatiale extrêmement rapide sous l'effet de la démographie interne et de l'exode rural. Différentes formes d'occupation de l'espace, légales ou non, en sont les conséquences, face auxquelles les autorités compétentes ne sont souvent plus en mesure de maîtriser et de planifier. Malgré cela, la politique urbaine actuelle, sous la pression des grandes institutions internationales (Banque Mondiale et Fond Monétaire International), a tendance à favoriser un développement par des nouveaux acteurs multiples au détriment de l'État, auparavant prédominant, ainsi qu'à accorder une priorité à la participation populaire dans l'élaboration de différents projets urbains destinés avant tout à l'amélioration des conditions de vie des plus démunis. Ouagadougou la capitale du Burkina Faso, pays sahélien enclavé, n'échappe pas à la règle. L'étude du projet urbain \"Ouaga 2000\", qui prend place sur 730 hectares dans la périphérie sud de la ville, permet de faire ressortir un certain nombre de particularités quant aux objectifs et aux stratégies utilisées pour les atteindre. L'origine du projet est avant tout politique étant donné que le déplacement des infrastructures directement liées au pouvoir du centre-ville, trop étroit, vers l'extérieur, avec la construction d'un nouveau Complexe présidentiel, en constitue la base. Parallèlement, une vaste opération de lotissement est réalisée dans l'objectif d'attirer des investisseurs privés afin de créer un nouveau pôle périphérique offrant à la fois un niveau de confort élevé et la proximité d'équipements variés qui font souvent défaut dans les grandes villes africaines. Parallèlement, la mise en place du projet a provoqué, dans sa proche périphérie, des effets secondaires. Il s'agit du rétablissement des populations contraintes de quitter le périmètre au sein d'une trame d'accueil lotie et d'un nouveau quartier d'habitat spontané illégal venu se greffer autour d'un village. L'approche de ces populations par des enquêtes a permis d'obtenir des informations sur les conditions et les contraintes dans lesquelles le déplacement a dû être effectué tout comme d'avoir une idée de leurs principales préoccupations en tant que citadins des périphéries ainsi que leur appréciation de l'implantation d'un projet tel que \"Ouaga 2000\". Les thèmes récurrents rendent bien compte de l'insertion de Ouagadougou dans le cadre des problèmes rencontrés dans les autres grandes villes du continent. Pour l'instant, il est encore difficile de se faire une idée précise de l'impact d'un tel projet sur l'ensemble de la ville par le manque de mise en valeur sur le terrain et la quasi-absence de personnes au sein du périmètre. Les premières images ont été celles des grandes manifestations politiques qui se sont tenues sur le site avec le XIXe sommet France-Afrique en décembre 1996 et le XXXIVe sommet de l'O.U.A (Organisation de l'Unité Africaine) en juin 1998 mettant en valeur le luxe des premiers équipements. Par son caractère politique, luxueux et ségrégatif à l'égard des masses populaires, le projet \"Ouaga 2000\" ne répond que peu aux priorités des politiques urbaines les plus récentes en Afrique. Il donne plutôt l'image d'investissements mal placés qui auraient été bénéfiques pour la mise en place d'équipements destinés à l'ensemble de la population, notamment en matière d'hygiène, d'éducation ou de santé.