| Résumé: |
Le 30 septembre 1996, une éruption volcanique débuta sous la calotte glaciaire du Vatnajökull (8300 km2), au Sud de l'Islande. Durant le mois suivant, 3.8 km3 d'eau de fonte furent drainés sous le glacier, du site de l'éruption vers le lac de caldera du Grímsvötn. Les eaux de fonte s'accumulèrent dans la caldera jusqu'à ce que le lac sous-glaciaire atteignît un niveau critique au-delà duquel une vidange d'eau s'effectua. Cette eau a parcouru 50 km sous le glacier avant de pouvoir être libérée et inonder la plaine côtière du Skeidarársandur. Le terme islandais de jökulhlaup associé à ces crues catastrophiques est un synonymes du terme français débâcle glaciaire.
La problématique des débâcles glaciaires reste un sujet peu abordé dans la littérature scientifique francophone. Ce mémoire a pour tâche de combler cette lacune.
La première partie du mémoire commence par une synthèse des différents types de barrage naturel (barrage volcanique, barrage lié à un glissement de terrains ou à un éboulement, barrage morainique, barrage de glace morte et de neige) et des crues soudaines et violentes qui peuvent résulter de la rupture de ces barrages.
Puis, l'accent est mis sur les différents types de lacs de barrage glaciaire. Les mécanismes à l'origine de la vidange de ces lacs sont également discutés.
La deuxième partie traite des caractéristiques géologiques et climatiques propres à l'Islande. afin de placer les débâcles glaciaires islandaises dans leur cadre géographique.
La troisième partie traite quant à elle des nombreux jökulhlaups qui ont eu lieu en Islande et présente leurs spécificités.
La quatrième partie est la présentation détaillée des causes et des conséquences du jökulhlaup de novembre 1996. Le déroulement de l'éruption volcanique qui eut lieu au N de la caldera du Grímsvötn est présenté, ainsi que les mécanismes et les processus qui ont conduit à la vidange du lac de caldera, dans lequel la totalité des eaux fondues par l'éruption s'accumula.
Les caractéristiques hydrologiques du jökulhlaup sont analysées et les conséquences de ces débits de crue extraordinaires (50'000 m3/s) sur les infrastructures de la plaine du Skeidarársandur et sur sa morphologie sont analysés.
Le jökulhlaup de 1996 a été caractérisé par:
* des débits de crue très importants
* la formation d'un golfe glaciaire dans le front du glacier du Skeidarárjökull
* la sortie du jökulhlaup au front du glacier par différents types d'exutoires
* la projection sur la plaine de millions de tonnes de blocs de glace. La fonte de ces blocs a donné naissance à des milliers de dépressions fermées glaciaires que l'on appelle communément kettles.
* un apport sédimentaire considérable dans la zone proglaciaire. |