Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 502
Auteur: ZUPPINGER Bernard
Année: Mars 2000
Titre: Le développement urbain de Ouagadougou (Burkina Faso) et ses enjeux sociaux: les enfants de la rue, un phénomène émergeant
Sous la direction de: Prof. Jean-Bernard Racine
Type: Mémoire de licence en géographie
Pages: 152
Complément:
Mots-clés: Géographie urbaine / Croissance urbaine / Habitat spontané / Enfants de la rue / Destructuration familiale / Marginalisation / Exclusion / Scolarisation / Villes africaines / Ville / Ouagadougou / Burkina Faso / Afrique
Résumé: Dans une Afrique subsaharienne qui connaît actuellement les taux de croissance urbaine les plus élevés au monde, le fait urbain a pris depuis quelques décennies une ampleur considérable. Les profondes mutations socio-économiques induites par ce phénomène sont particulièrement perceptibles dans une ville comme Ouagadougou dont le nombre d'habitants est passé de 60'000 en 1960 à plus d'un million aujourd'hui. Il est évident que, dans la mesure où la croissance démographique de Ouagadougou ne s'accompagne pas d'un développement économique équivalent, elle entraîne avec elle, outre de profonds bouleversements sociaux et spatiaux, tout un processus de marginalisation d'une grande partie de la population et plus particulièrement des enfants, par le déséquilibre des structures familiales. L'apparition des premiers enfants de la rue à Ouagadougou date de la deuxième moitié des années 70. La genèse récente de ce phénomène en Afrique et particulièrement au Burkina Faso rend significative son analyse. Après avoir rapidement passé en revue l'histoire de l'urbanisation en Afrique subsaharienne, ce travail tente de montrer ce qui dans la croissance urbaine de Ouagadougou, par les nouvelles pratiques urbaines de production et d'utilisation de l'espace, est déterminant dans le bouleversement en profondeur de la vie sociale et dans la déstabilisation des familles. Avec une politique volontaire de restructuration spatiale du centre-ville et de l'habitat, le gouvernement révolutionnaire de Thomas Sankara avait, dès 1984, profondément modifié le paysage urbain de Ouagadougou. Le \"déguerpissement\" d'une partie des citadins du centre-ville et son relogement dans des quartiers périphériques, le lotissement massif des zones d'habitat spontané dans les périphéries ont eu d'importantes conséquences sur les modes de vie des citadins en remettant en question la cohésion sociale. Les expulsions et les relogements ont contribué à disperser les familles étendues tout en les obligeant à réinventer les liens de solidarités familiales et sociales tissés au fil des années sur les anciennes parcelles. La partie centrale de ce travail tente de faire le point sur le phénomène des enfants de la rue à Ouagadougou par l'analyse de leurs origines (il s'avère en effet que la majorité des enfants sont issus directement des campagnes et non pas de la ville) et par la mise en évidence de leurs stratégies spatiales en se basant sur des observations et des enquêtes personnelles faites sur le terrain et sur l'unique étude quantitative disponible depuis 1990. Le but de cette partie du travail est de mettre en lumière les logiques en jeu au Burkina Faso en présentant une typologie des enfants des rues de Ouagadougou qui dépasse les seules distinctions habituelles d'enfants de/dans la rue et de jeune migrant rural/jeune citadin de naissance. L'évolution des politiques officielles d'encadrement des enfants des rues est mise en évidence dans une dernière partie. L'Etat a progressivement abandonné les structures répressives au profit de la prévention et plus particulièrement au profit de l'AEMO (Action Éducative en Milieu Ouvert), qui accueille et encadre les enfants de la rue durant la journée. La présentation du centre Beog-Neeré pour enfants de la rue à Kamboincé (15 km de Ouagadougou) et de l'école privée St Dominique, soutenue par l'Association Michel en Suisse, qui prend entièrement en charge des enfants démunis ou orphelins permet de compléter cette approche en montrant les possibilités d'action réservées aux initiatives privées.