| Résumé: |
Le principal problème que nous nous proposons de résoudre dans ce mémoire est de savoir s'il est possible, sur la base de données relatives aux migrations intercantonales définitives, d'obtenir une information quant à la distance qui sépare les cantons suisses, cette distance étant définie en relation avec l'intensité des mouvements migratoires.
L'information recherchée étant présente de manière implicite dans les données de flux migratoires, il faut toutefois mettre en oeuvre une démarche pour la faire ressortir en vue de l'établissement de cartes de la Suisse, reproduisant l'espace tel qu'il est perçu par les migrants (d'où la définition de distances révélées par la migration) par des diagrammes de points faisant apparaître les 26 cantons.
La première méthode statistique utilisée est la modélisation des flux migratoires par un modèle gravitaire, qui permet de décomposer la variance des flux en une part symétrique (relative à la distance) et une part non symétrique (relative aux spécificités des cantons d'origine et de destination des migrants). C'est la part symétrique qui permet l'établissement d'une mesure de l'accessibilité de chaque canton par les migrants provenant des autres cantons. Cette mesure d'accessibilité est ensuite transformée en une mesure de la distance par l'établissement d'une fonction qui fait décroître l'accessibilité en fonction d'un paramètre de distance.
Une fois ces distances obtenues, on peut les cartographier sur un plan par la mise en oeuvre de la méthode de l'échelonnage multidimensionnel (en anglais, multidimensional scaling) qui permet, sur la base de distances entre des points dont on ne connaît pas la position dans l'espace, d'établir les coordonnées de ces mêmes points en respectant le mieux possible les distances séparant chaque paire de points.
L'examen de ces cartes permet de percevoir quelques phénomènes intéressants, notamment pour des cantons jugés périphériques, comme le Tessin, qui sont considérés par ces représentations graphiques comme étant des lieux centraux du point de vue de la migration, et ce malgré une localisation en marge du pays. En revanche, les distances révélées par les mouvements migratoires tendent à être plus élevées que les distances géographiques pour des cantons n'entretenant pas de relations importantes en terme de flux de migrants.
Les méthodes statistiques utilisées dans le cadre de ce mémoire sont les suivantes :
* Modélisation des flux migratoires par un modèle gravitaire, en estimant les flux migratoires théoriques selon la procédure itérative du maximum de vraisemblance (maximum likelihood).
* Evaluation de la validité du modèle gravitaire par des tests du khi2.
* Utilisation de régressions non-linéaires pour l'établissement des paramètres des fonctions établissant le lien entre accessibilités et distances révélées.
* Utilisation de régressions linéaires pour comparer distances révélées par la migration et distances géographiques (à vol d'oiseau et routières).
* Cartographie des cantons en fonction des distances révélées séparant ces entités administratives, en utilisant la méthode de l'échelonnage multidimensionnel (multidimensional scaling). |