Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 521
Auteur: PIDOUX Julian
Année: Octobre 2000
Titre: Vers un agenda de la recherche en géographie médicale. 1ère partie: Méthodologie; 2ème partie: La Roumanie, une étude de cas
Sous la direction de: Prof. Micheline Cosinschi
Type: Mémoire de licence en géographie
Pages: 94
Complément: 16 cartes, 10 tab., 6 fig.
Mots-clés: Géographie médicale / Géographie de la santé / Maladie / Système de soins / Accessibilité aux soins / Théories sociales / Méthodologie / Etude de cas / Analyse spatiale / Roumanie / Europe
Résumé: Au cours de la dernière décennie, les défis émergeant non seulement de la discipline mère, mais se prolongeant également au-delà de cette dernière, ont mené à l'expansion du champ de recherche entrepris par la géographie médicale. Tout d'abord, inspirée par des arguments structuralistes et, plus récemment, par des enquêtes publiques ( « black report » en Grande-Bretagne par exemple, 1982), une critique de la santé, de la maladie et des systèmes d'offre de soins, orientée vers la justice sociale, s'est développée. Les géographes se sont interrogés sur qui obtient quoi, où et pourquoi dans les domaines de la maladie et des soins appropriés. Ensuite, des pensées innovatrices en matière de philosophie de la santé provenant d'organes comme l'Organisation Mondiale de la Santé ont offert de nouvelles perspectives sur la santé. Ces points de vue suggèrent de mettre l'accent sur l'environnement social et ont été intégrés au travail des géographes. Enfin, certains des thèmes centraux en théorie sociale contemporaine, tel le débat sur la structure, ont fortement contribué à l'analyse et à l'expérience acquise sur la santé et les soins. L'intérêt traditionnel de la géographie pour les notions d'espace et de lieu est implicite dans tous ces développements ainsi que des concepts comme le contexte local de la santé, la maladie et le processus social. Inscrit dans le vaste champ de la santé, notre travail aura pour but principal d'explorer les liens entre la santé, le lieu et l'espace et de s'efforcer de proposer des directions de recherche pour développer ces relations. Nous passerons également en revue les tenants et les aboutissants de la notion du lieu en géographie médicale et les débats qui y sont liés pour tenter de dégager son rôle en géographie de la santé. Nous tenterons de mettre en valeur la convergence entre la considération de l'expérience du lieu (géographie sociale) et les perspectives socio-écologiques de la santé et les politiques (santé publique). Nous suggérerons une analyse du lieu et de l'espace dans le cadre de l'expérience individuelle de la santé, de la maison et de la communauté, entreprise dans le contexte plus large de l'efficacité nécessaire dans le domaine de l'économie des services de santé. La carte contemporaine de l'accessibilité et de l'utilisation des soins est en train de changer à travers l'accent mis sur l'efficacité et par une diversité grandissante des établissements médicaux et des thérapies proposées. Il est donc dès lors temps, pour les géographes, d'examiner des aspects moins communs de localisations et d'expériences. Cet examen demande l'adoption d'un modèle socio-écologique plutôt que curatif pour guider la recherche, car une telle diversité implique des préoccupations liées plutôt à la santé qu'au médical. D'un point de vue socio-écologique, les services de santé sont une composante institutionnelle du lieu. Alors que les soins apportés directement par les infirmières et les médecins améliorent la santé des individus, la présence de services appropriés agit sur la santé d'une population entière et cela de deux manières : premièrement, un ménage ou une communauté aura tendance à développer une opinion plus positive de son espace en fonction du type et des styles de services disponibles. La configuration particulière de l'offre des services pourrait, ensuite, augmenter le niveau d'interactions au sein de la communauté. Les notions de centre et de périphérie pourront nous aider à comprendre cela. Ces lieux sont clairement près du centre de vie de ces gens, dans le sens d'un centre qui est entendu comme un point milieu. Toutefois, ils peuvent également être près d'une centralité psychologique et émotionnelle car les individus peuvent également se sentir centrés et avoir l'impression qu'ils appartiennent à ces lieux en y recevant des traitements. Il s'agit, en d'autres mots, de se poser la question suivante : les gens se sentent-ils plus entiers dans des lieux auxquels ils ont le sentiment d'appartenir comme au niveau local (clinique de quartier) par exemple, plutôt que dans des structures fonctionnalistes plus globales dans le paysage urbain moderne (hôpitaux régionaux). Il est donc indispensable de trouver des méthodes pour explorer ces objectifs, c'est-à-dire des méthodes capables de traduire la contribution subtile des pratiques de la santé à la géographie spatiale et sociale. Ces méthodes devront être une réponse créative au besoin d'observer, de documenter et de mieux comprendre la signification du lieu en matière de santé ; un apport non seulement de la géographie à la médecine mais peut-être un souffle nouveau pour la géographie. Ce seront donc des méthodologies qui seront capables de constituer une géographie comme un art personnel et seront une tentative d'adopter des approches qui sont sensibles au caractère des régions et de leurs populations.