Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 527
Auteur: MAERTEN Laurent
Année: Mars 2001
Titre: Une analyse politique entre référentiel et gouvernance: L'AIC, pionnière de l'intercommunalité scolaire dans le canton de Vaud 1964-1977
Sous la direction de: Prof. Jean-Bernard Racine
Type: Mémoire de licence en géographie
Pages: 99
Complément: 4 annexes
Mots-clés: Géographie humaine / Analyse des politiques publiques / Collaboration intercommunale / Association de communes / Gouvernance / Référentiel / Approche cognitive / Instruction publique / Collège secondaire / Trente Glorieuses / La Planta / Chavannes-près-Renens / Ouest lausannois / Agglomération lausannoise / Vaud / Suisse
Résumé: Ce mémoire se proposait de confronter deux approches récentes de l'analyse des politiques publiques, par les référentiels et par la gouvernance, à un cas pratique antérieur à leur conceptualisation: l'analyse de la création dans les années 1960 d'une association de communes de l'ouest lausannois pour l'exploitation d'un collège secondaire (politique locale), ainsi que l'analyse des démarches qui ont entouré la construction du bâtiment lui-même. Alors que la première approche a permis de mettre en évidence l'inscription de ce processus dans l'imaginaire et le registre d'action politique de l'époque, l'action des autorités locales ne peut que subsidiairement être rattachée à la thématique de la gouvernance. Depuis le milieu des années 1990, un concept de sciences sociales a en effet fait une entrée remarquée dans le discours des hommes politiques, des médias et des organisations internationales: celui de gouvernance. Ce mémoire avait également pour but de mettre à l'épreuve le contenu théorique de ce concept, souvent présenté non seulement comme le mode opératoire de gestion des sociétés contemporaines, mais le mieux à même d'en expliquer les logiques. En effet, les maîtres-mots que recouvre l'approche sociopolitique de la gouvernance sont la fin des hiérarchies entre acteurs engagés dans les processus de politique publique à toutes les échelles, remplacées par des partenariats et des relations horizontales, le plus souvent en réseau, la diversification et la multiplication de ces acteurs, publics comme privés. Pour tester la pertinence de l'approche par la gouvernance, que nous pensons liée à une vision contemporaine du monde, nous avons effectué un jeu de 'postrationalisation' sur un processus de politique publique (ou considéré comme tel) initié antérieurement à la conceptualisation actuelle du terme: l'AIC est en effet une association de communes créée en 1969 par 5 communes de l'Ouest lausannois pour l'exploitation d'un collège secondaire. Pour l'analyse de cette association, nous avons été amené à utiliser une autre approche contemporaine de l'analyse des politiques publiques, l'approche par les référentiels, qui cherche à mettre en évidence les logiques de sens dans les politiques publiques. Après une présentation critique de ces deux concepts, fondée sur la littérature secondaire, qui a mis en évidence le caractère technocratique du contexte d'usage du terme de gouvernance, nous passons en revue les différents contextes (socio-économique, institutionnel, scolaire et local) à partir desquels le projet de création de l'AIC et du collège s'est développé. Poursuivant par une présentation chronologique des étapes marquantes du processus de politique publique entre 1964 et 1977, nous aboutissons à la conclusion que l'AIC constitue avant tout, pour les communes de l'Ouest lausannois, l'un des symboles les plus forts de la prise de conscience d'une identité commune, autant face à la commune de Lausanne que face au canton. Par contre, sur le plan du déroulement du processus politique, si la collaboration entre les communes implique bien la mise en place de relations horizontales, le partenariat avec le canton se fait presque exclusivement sur un mode hiérarchique; quant aux acteurs privés, ou sociaux, ils ne jouent qu'un rôle très secondaire: ces constats nous amènent à rester prudents dans l'évaluation de la pertinence de l'application du modèle de la gouvernance au cas du processus de politique publique analysé, ce qui ne permet bien sûr pas d'apporter une réponse définitive aux hypothèses d'ahistoricité et de 'mode' scientifique de l'usage du concept de gouvernance. Mais la voie est ouverte.