| Résumé: |
Le tourisme en direction du Pays Dogon n'a eu de cesse de se développer depuis la Seconde Guerre mondiale, toujours à la recherche d'une spécificité culturelle, en premier lieu rapportée par les ethnologues français de l'école de Marcel Griaule. Essentiellement connus pour leurs pratiques religieuses animistes, dont les danses de masques constituent l'aspect le plus démonstratif, les Dogon alimentent l'imaginaire touristique d'images stéréotypées renvoyant à l'image d'une Afrique éternelle et figée dans la reproduction de rituels ancestraux. Dès lors, quelle est l'autonomie possible des acteurs locaux de la scène touristique ? Comment s'organisent les flux et quels sont les déséquilibres spatiaux et sociaux engendrés ou entretenus par le tourisme ? Comment est vécu le changement social, lié non seulement au tourisme, mais également aux nouvelles religions importées, à l'urbanisation, aux migrations, c'est-à-dire à la modernité ? Notre étude aura permis tout d'abord de quantifier puis de cartographier les flux saisonniers du tourisme et de constater que ceux-ci étaient marqués par de fortes disparités. Les circuits privilégient en effet le tracé de la Falaise de Bandiagara comme axe directeur des visites de villages en se focalisant sur les environs de Sanga. Le tourisme s'organise ensuite à l'intérieur d'un environnement original, que nous avons appelé bulle touristique, parce qu'il se trouve en décalage par rapport aux pratiques sociales quotidiennes des Dogon. Les acteurs engagés dans la bulle s'efforcent de satisfaire au mieux les attentes des touristes en leur donnant à voir les aspects les plus archaïques de la culture dogon. C'est ce que nous avons appelé l'invention de l'authentique. Néanmoins, en dehors de l'espace touristique, la vie sociale des Dogon est marquée par le changement social, l'innovation, les conflits d'intérêt, dans lesquels le tourisme apparaît comme un révélateur des tensions et des inégalités.
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