Mémoires de la Faculté des Géosciences et de l'Environnement

Cote: 583
Auteur: ROCHAT Jean-Noël
Année: Mars 2003
Titre: Développement durable et ville compacte: portées et limites d'un concept (perspectives vaudoises)
Sous la direction de: Prof. Antonio Da Cunha
Type: Mémoire de licence en géographie
Pages: 182
Complément: 10 cartes, 24 schémas, 10 annexes
Mots-clés: Développement durable / Aménagement du territoire / Ville compacte / Gestion intégrée des réseaux / Densité / Mixité / Imperméabilisation du sol / Perception / Acteurs / Développement territorial / Vaud (canton) / Agglomération lausannoise / Suisse
Résumé: Le postulat de la \"ville compacte\" a-t-il une place de choix dans le répertoire des outils servant au développement durable ? Nous avons défini ce concept par trois principes fondateurs : la densité, la mixité et la gestion intégrée entre aménagement et système de transport. Ce concept prétend répondre à trois tendances territoriales contemporaines : la croissance de l'emprise au sol des composantes urbaines, la dispersion des éléments sur le territoire et le développement non-durable des réseaux. Ces tendances génèrent de nombreux coûts : il est légitime de vouloir les freiner. Mais ces tendances s'expliquent par des mécanismes complexes et multiples : notre concept ne peut faire levier que sur une partie de ceux-ci - de nombreuses autres politiques doivent donc parallèlement être mises en place (requalification du milieu urbain, hausse des coûts de mobilité, sensibilisation aux comportements « durables », réajustement entre intérêt individuel et intérêt collectif, péréquation des charges, internalisation des coûts externes, etc.). En l'état actuel des choses, les stratégies de compacité pourraient offrir à la population un plus grand choix de localisation et de mode de déplacement, mais pour cela elles doivent faire partie d'une politique globale, cohérente et diversifiée (sinon elles accentueront les problèmes de voisinage, la congestion des flux routiers, la dispersion, et entreront en contradiction avec les aspirations sociales et la liberté individuelle). La grille d'évaluation « durabiliste » implique le respect d'un multitude d'intérêts divers et contradictoires : il est donc impossible de juger de manière univoque le potentiel de notre concept. Quelles sont les tendances lourdes au niveau de l'utilisation du sol vaudois (en termes de densité et de mixité avant tout) entre 1970 et 2000 ? A partir de l'analyse des croissance de population et d'emploi dans le canton de Vaud entre 1970 et 2000, et à partir de l'étude de l'évolution de l'imperméabilisation du sol entre 1980 et 1990, on aura pu constater que la tendance à la périurbanisation des populations et des emplois sur le territoire vaudois est nette (celle des populations plus encore que celle des emplois) ; que les populations sont en croissance principalement dans le centre vaudois et sur la Côte, alors que les centres urbains peinent toujours à attirer les résidents ; que la localisation des habitants et des emplois est très fortement déterminée par les grands axes de communication (ceux-ci semblent attirer les emplois et repousser - à peine - les habitants ; qu'une tendance à la ségrégation fonctionnelle de l'espace vaudois est visible ; que la croissance de la mobilité est perceptible ; que l'emprise imperméabilisée au sol par habitant - toujours en croissance (elle est fonction de la croissance de la population) - a très faiblement diminué entre 1979/81 et 1990/93 ; et que le rôle en termes d'emprise urbanisée par habitant et/ou emploi des districts urbains est \"fondamentalement plus durable\". ? Comment le territoire est-il perçu par les acteurs principaux de son développement ? Nous nous sommes entretenus avec différents acteurs du territoire vaudois. Il en est ressorti que les politiques de « décentralisation concentrées » n'ont jamais été jugées comme « réussies » ; que la perception des coûts dépend pour beaucoup de la fonction exercée et de l'espace vécu ; que l'on ne peut pas parler \"du territoire \", mais plutôt \"des territoires\" vaudois ; que la perception du développement des réseaux se limite presque aux effets sur les réseaux routiers ; que les liens entre développement des réseaux et localisation des éléments urbains ne sont pas systématiquement évoqués ; qu'il est possible d'envisager quelques mesures d'économie du sol, mais que le processus de périurbanisation ne semble pas en passe d'être freiné (si ce n'est en révisant l'offre en logement de qualité dans les centres) ; que l'internalisation des coûts externes ne ressort pas explicitement comme une stratégie primordiale ; que les perspectives de mise en oeuvre de notre concept dans le paysage socio-culturel et économique actuel sont limitées (corrélation directe entre croissance économique et perte de valeur relative des ressources primaires). Il reste néanmoins que la volonté affichée par une bonne partie des acteurs de promouvoir une \"meilleure gestion territoriale\" laisse ouvert le champ des améliorations.