Ma thèse vise à étudier d'un point de vue interdisciplinaire la transition énergétique en Suisse romande, notamment à travers le mouvement pour une énergie citoyenne qui se déploie en Europe et gagne timidement la Suisse depuis l'accident de Fukushima. Le concept d'énergie citoyenne rend compte de toutes les initiatives issues de la société civile pour accélérer, depuis le bas, le passage des énergies non renouvelables et centralisées, nucléaire et fossiles, aux énergies renouvelables, décentralisées et indigènes, tout en instillant une forte culture d'économies d'énergie. En Suisse, des services industriels de communes et des cantons accompagnent cet élan, parfois en prenant même le leadership.
Ce projet, ancré en Suisse romande, constitue un travail de thèse conséquent et s'inscrit dans une dynamique à la fois citoyenne et scientifique, combinant l'approche participative et académique. L'enjeu principal est d'inciter les citoyens à se réapproprier les processus de fabrication et de gestion d'un bien — l'énergie — de manière collective. Le principe organisationnel de la coopérative permet, par la gestion collective du bien commun et la non-maximisation des profits par certains actionnaires, de la rendre attrayante pour les collectivités et les citoyens. À ce titre, les coopératives d'énergie ainsi que les initiatives communales qui adhèrent à ce mouvement sont une forme de communauté d'énergie qui mérite une analyse à part entière en raison de la spécificité de leur modèle de gouvernance. Visant des considérations à la fois écologiques, économiques et politiques, ces initiatives dites d'énergie citoyenne sont souvent engagées socialement et promeuvent la solidarité et le partage. C'est donc bien un ensemble de valeurs spécifiques particulièrement bienvenues pour pousser la transition écologique en Europe et dans le monde.