Le Vallon de Nant est une vallée alpine se situant au-dessus de Plan-sur-Bex, dans les Alpes vaudoises. La Faculté des géosciences et de l'environnement de l'Université de Lausanne a fait du Vallon de Nant un site d'étude facultaire, avec plusieurs groupes d'orientations différentes qui ont réalisé de nombreux travaux scientifiques réalisés dans cette vallée. Pour son dixième anniversaire, la Faculté des géosciences et de l'environnement partage ses sujets de recherche et vous propose de découvrir cet environnement naturel avec un nouveau regard.
Photo: Christian Kaiser
L'itinéraire part du Pont de Nant (altitude: 1253 mètres) et longe le Vallon le long de l'Avançon de Nant. Vous pouvez choisir entre deux variantes. La première variante vous amène jusqu'au Col des Martinets à une altitude de 2619 mètres. Il faut compter avec presque 5 heures de marche pour la montée au col, et 3 heures pour la descente. Il s'agit d'un itinéraire engagé de caractère alpin, avec des pentes raides surtout sur la dernière partie avant le Col des Martinets. La deuxième variante est identique au début, mais bifurque après environ 2.5 kilomètres pour monter au Trou à l'Ours, et passe sous la Pointe des Savolaires et par le Col des Pauvres pour ensuite redescendre dans le Vallon par l'Alpe de Chaux. L'itinéraire monte jusqu'à environ 2250 mètres et prend environ 5 à 6 heures. Les deux variantes nécessitent un équipement approprié pour la randonnée en montagne, et une préparation soigneuse. Portez une attention particulière à la météo qui peut changer rapidement en montagne!
Les personnes qui ne désirent pas s'engager dans une marche de caractère alpin peuvent aussi suivre le premier itinéraire qui longe le Vallon, passe par l'Alpe de Nant, pour passer par le poste 16 jusqu'au poste 25 au niveau de la bifurcation des deux variantes à 1664 mètres d'altitude. Cette partie de l'itinéraire a relativement peu de dénivelé et se prête bien à une promenade à faire en 3-4 heures environ aller-retour.
L'itinéraire est organisé autour de trois thèmes: climatologie, faune et flore, et géomorphologie. Vous trouvez une introduction à ces thèmes dans l'onglet «Thèmes».
Vous trouverez plus de détails pratiques et une aide à l’utilisation dans l’onglet «Autres».
Bonne balade!
250 ans de science dans la région de Bex
Le vallon de Nant est l’un des rares sites en Suisse où se développe l’Hépiale
Un laboratoire à ciel ouvert
Jardin La Thomasia: la flore montagnarde du monde sur un petit espace
Cette nature sauvée de la destruction
L'exemple de la Berce du Caucase
Surexploitées aux siècles passés par les Salines de Bex, les forêts sont maintenant intégralement protégées
Le régime hydrologique nivo-glaciaire de l'Avançon de Nant
La déprise agricole est en marche
L’entrée du vallon de Nant abrite environ 40 espèces d’oiseaux nicheurs
Une belle espèce qui vient égayer les promenades de fin d'été
Alternances de transport de matériel et de dépôts de sédiments
Accumulation d'air froid au fond des vallées
La déprise agricole est en marche
Papillons blancs ornés de dessins noirs et rouges
La nature a horreur du vide et, à peine déposés, cailloux et graviers sont colonisés par les plantes
Le cône de déjection des Larzettes au pied de la Pointe d'Aufalle
Une vie au ralenti et à l’abri des regards
Un amphibien atypique adapté à la vie en montagne
Les changements climatiques pourraient avoir de grandes conséquences sur nos écosystèmes
Les hauteurs du vallon de Nant hébergent une avifaune strictement inféodée à l’étage alpin
L’exemple du Saxifrage à feuilles opposées
Un monde de glace et roche
Diminution de l'ampleur et de la fréquence des crues dans le Vallon de Nant
Comment retourner une paroi rocheuse...
L’évolution des températures et des précipitations moyennes avec l’altitude dans le vallon de Nant
Un buisson qui ne manque pas de souplesse
Erosion et transport de sédiments
La climatologie est l'étude des échanges énergétiques entre la surface de la Terre et l'atmosphère dont l'action influence l'existence des êtres qui y sont soumis. La situation du Vallon de Nant, de par son altitude, son orientation et son relief fait de cette région un terrain d'étude privilégié pour les climatologues
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L’évolution des températures et des précipitations moyennes avec l’altitude dans le vallon de Nant
Les termes faune et flore désignent l'ensemble des espèces animales et végétales présentes dans un espace géographique ou un écosystème déterminé, à une époque donnée. En général, la notion ne comprend pas l'homme, bien que d'une certaine façon l'on puisse le considérer comme faisant partie du règne animal, en ce qu'il est classé physiologiquement comme un mammifère. Par son relief et ses conditions climatiques le Vallon de Nant offre un habitat à de nombreuses espèces singulières que vous aurez certainement la chance d'observer le long du sentier
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La géomorphologie est la science qui décrit et explique le relief terrestre. Le relief est à l'interface de la géologie, l'hydrologie, la climatologie de la biologie et de l'Homme en tant que support de la vie et des activités humaines. Le Vallon de Nant regorge d'une multitude de formes géomorphologiques souvent en lien avec des phénomènes climatiques, biologiques ou anthropiques
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Le régime hydrologique nivo-glaciaire de l'Avançon de Nant
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La géologie est la science qui étudie l'histoire et la structure de la croûte terrestre, notamment des roches. La géologie permet notamment d'expliquer des phénomènes comme la tectonique des plaques, la formation des chaînes de montagnes, le volcanisme ou en général la formation des roches.
La géologie diffère de la géomorphologie dans le sens que la géologie étudie le substratum (les roches) tandis que la géomorphologie étudie les processus de surface, tel que l'érosion par les différents acteurs comme l'eau, le vent, etc.
Climatologie Faune et flore Géomorphologie Géologie |
Illustration: Christian Kaiser
En 1758, Albert de Haller, médecin, poète et botaniste devient directeur des Salines de Bex. Travaillant alors à la préparation de la première flore de Suisse (1768), il s'attache les services d'un forestier, Pierre Thomas, pour récolter des plantes dans les montagnes. Son fils, Abraham Thomas, l'accompagne puis lui succède. Afin d'améliorer l'ordinaire, Abraham Thomas organise vers 1809 un commerce de plantes séchées et vivantes et de graines, qui sera repris par la suite par son fils Emmanuel Thomas, puis par sont petit-fils Jean-Louis Thomas, et enfin par ses arrières-petits-fils. Qui abandonneront en 1900. Cette dynastie des Thomas était installée à Bex et sa notoriété internationale attira de nombreux visiteurs scientifiques dans la région.
Un autre scientifique de renom prend la direction des Salines en 1813: Jean de Charpentier. Géologue et naturaliste, il s'intéresse aux blocs rocheux perdus dans la campagne. Ces observations l'amèneront à jouer un rôle essentiel dans le développement de la théorie des glaciations: non, ce n'est pas le déluge qui a déposé ces blocs mais les glaciers.
D’autres penseurs marquèrent la région. Eugène Rambert, professeur de littérature et botaniste passionné, publia en 1871 un guide touristique avant l'heure: «Bex et ses environs». Jean Muret, juge et président du Grand Conseil vaudois, autre botaniste passionné, visitait régulièrement la région. Juste Olivier, historien, poète et romancier, a contribué au renom de la région par ses nombreux ouvrages dédiés au Canton de Vaud et à ses paysans. L’éloge des Alpes faites par ces différents écrivains, à la suite de Haller, ont changé l’image des montagnes dans la population citadine, développé le sentiment d’amour de la nature et du patrimoine et lancé le tourisme alpin. La commune de Bex a rappelé les passages de Rambert, Muret et Olivier dans la région en gravant leurs noms sur le rocher à l’entrée du Vallon de Nant.
Cirafici S. (2004). Sur les traces de l'or blanc… Le sentier du sol. In: Starobinski P. (ed). Aux lumières du lieu. 15 itinéraires culturels dans les Alpes vaudoises, le Chablais et la Pays-d'Enhaut. Lep, Le Mont-sur-Lausanne: 13-29.
Duchoud P.-P., Henrioux F, Hottinger M., Moret J.-L., Müller G. & Pillet S. (2001). Le Vallon de Nant, le jardin botanique alpin "La Thomasia", le parcours nature. Fondation La Thomasia, Bex; Office du tourisme de Bex, Bex, 64 p.
Moret J.-L. (1991). La Thomasia et la famille Thomas. In: La Thomasia. Jardin alpin de Pont de Nant 1891-1991. Musées et jardins botaniques cantonaux, Lausanne:11-16.
Moret, J.-L. (1993) Le commerce de graines et de plantons forestiers de la famille Thomas à Bex. Bulletin du Cercle vaudois de botanique, 22, 121-131.
Moret, J.-L. (2009) Le commerce de plantes de la famille Thomas a-t-il pu influencer la flore naturelle ? Bulletin du Cercle vaudois de botanique, 38, 75-84.
Pilet P.-E. (1979). Le passé scientifique de la vallée de l’Avançon. In: Société helvétique des sciences naturelles, 159e assemblée annuelle, Lausanne, 4-7 octobre 1979. Imprimerie Nouvelle, Bulle: 9-15.
Faune et flore |
Illustration: Yannick Chittaro
L’Hépiale ou Pharmacis carna
L’Hépiale (Pharmacis carna) est un papillon de nuit, il est donc difficile de l’observer en pleine journée, mais les mâles sont fortement attirés par les sources lumineuses et peuvent être observés à l’aide de piège lumineux photo. Peut-être pourrez-vous les voir tournoyer autour des lampes de l'auberge de Pont de Nant! C’est essentiellement après minuit que les mâles s’envolent et se mettent à la recherche des femelles. Les femelles se mettent à pondre immédiatement après l’accouplement, en général encore durant la même nuit!
La chenille est blanchâtre à crème avec la tête brune. Elle se développe pendant 2 à 3 ans avant de se transformer en papillons. La période de vol des adultes est assez restreinte, s’étendant de début juillet à mi-août. L’Hépiale colonise les pâturages entre 1200 et 1900 m d’altitude. Les plantes caractéristiques de ces pâturages sont l’adénostyle à feuilles d’alliaire (Adenostyles alliariae), le vératre blanc (Veratrum album), la gentiane pourpre (Gentiana purpurea) et le nard raide (Nardus stricta), plantes dont les racines sont rongées par la chenille.
L’Hépiale est très localisée en Suisse et l’un des rares sites où on peut l’observer est le vallon de Nant. Les données anciennes montrent qu’elle était plus répandue dans les Alpes. Il conviendrait d’approfondir les recherches pour savoir si ses populations ont effectivement diminué ou s’il s’agit d’un manque d’informations récentes.
Climatologie |
Photo: Jean-Michel Fallot
La station de mesures de Pont de Nant
La Faculté des Géosciences et de l’Environnement de l’Université de Lausanne a installé un réseau de mesures météorologiques de plusieurs stations dans le vallon de Nant afin d’étudier les influences de la topographie sur plusieurs éléments du climat dans un vallon alpin, tels que les accumulations d’air froid au fond des vallées, les courants thermiques locaux ou l’évolution moyenne des températures et des précipitations avec l’altitude.
Il a aussi pour objectif de mesurer plusieurs paramètres climatiques au-dessus de 2000 mètres d'altitude où on ne dispose que de peu de mesures fiables sur le terrain à cause du vent, de la neige ou du gel. Enfin, ce réseau doit fournir des données climatiques de base pour d’autres recherches menées dans ce vallon sur la végétation, les eaux (hydrologie) ou le pergélisol.
Pour répondre à ces objectifs, ce réseau de mesures météorologiques comprend 6 stations placées à différentes altitudes et réparties le long du vallon de Nant, ainsi que sur une coupe transversale passant par l’alpage de Nant. Ces stations mesurent en continu la température et l’humidité de l’air, les précipitations, la pression atmosphérique, la direction et la vitesse du vent. La station de Pont de Nant mesure en plus l'ensoleillement.
Faune et flore |
Illustration: Christian Kaiser
La Thomasia, le jardin botanique alpin localisé à une altitude de 1260 mètres, a été fondé en 1891. Il représente une petite perle de la flore montagnarde originaire de toutes les régions du monde.
Le jardin doit son nom à la famille Thomas de Bex passionnée de botanique et qui a contribué au renom scientifique de la région du Vallon de Nant. Sur un espace restreint, le visiteur peut décovurir environ 3000 plantes de montagnes.
À la fin de votre balade, prenez votre temps pour découvrir ce petit bijoux de jardin!
Faune et flore |
Illustration: Christian Kaiser
Respectez les indications sur la protection de la nature!
Dès 1896, le Vallon de Nant fait partie du District franc fédéral du Grand Muveran, garantissant une protection de la faune et des biotopes. En 1956, il est proposé de renforcer la protection du vallon en y créant une réserve naturelle, idée approuvée par le Grand Conseil vaudois en 1961. Mais en 1962, le Département militaire fédéral propose de l’acheter pour y faire une place d’arme. Cette menace mobilise les protecteurs de la nature. Suite à des interpellations au Grand Conseil, et de virulents articles de presse, le Conseil d’Etat fixe, en 1966, un périmètre à protéger et une convention est négociée, puis signée en mars 1969, entre la Ligue suisse pour la protection de la nature (LSPN, devenue depuis Pro Natura), l’Etat de Vaud et la commune de Bex. La réserve naturelle du Vallon de Nant est créée sur une superficie de 14 km2. Le décret approuvant la convention est accepté par le Grand Conseil le 25 novembre 1969. L’armée s'installe alors à l’Hongrin.
La protection du site impose les règles principales suivantes:
Duchoud P.-P., Henrioux F, Hottinger M., Moret J.-L., Müller G. & Pillet S. (2001). Le Vallon de Nant, le jardin botanique alpin "La Thomasia", le parcours nature. Fondation La Thomasia, Bex; Office du tourisme de Bex, Bex, 64 p.
Reitz J.-P. (1991). La protection du Vallon de Nant. In: La Thomasia. Jardin alpin de Pont de Nant 1891-1991. Musées et jardins botaniques cantonaux, Lausanne: 55- 60
Faune et flore |
Photo: Mila Pajkovic
La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), a des feuilles profondément découpées et se terminant en pointes, ce qui la distingue de sa cousine indigène, la berce des prés (Heracleum sphondillium) aux feuilles arrondies.
La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum; à ne pas confondre avec la Berce des prés qui est naturelle chez nous) a été introduite en Europe à la fin du 19ème siècle. Cette plante spectaculaire de la famille des Apiacées était une curiosité très appréciées dans les jardins botaniques, notamment pour sa grande taille (jusqu’à 3.5 mètres de haut avec des tiges atteignant 10 centimètres de diamètres) et ses inflorescences mesurant jusqu’à 50 centimètres de diamètre.
Originaire d’une région montagneuse, la berce du Caucase est tout particulièrement adaptée au climat des Préalpes. Grâce à son fort pouvoir d’expansion (elle peut produire jusqu’à 10'000 graines par an) elle s’est échappée des jardins. En se répandant dans la nature, cette espèce pose problème aussi bien à la végétation indigène qu’à l’être humain.
La berce du Caucase forme des populations denses grâce à ses nombreuses graines. Sa haute taille et ses feuilles très larges finissent par évincer la végétation indigène en empêchant la lumière d’arriver au sol.
La sève de la berce du Caucase contient des substances photo-sensibilisantes. Un contact de la peau avec la plante, suivi d’une exposition au soleil, peut entrainer la formation de brûlures et de cloques.
Cette plante est donc considérée comme néophyte invasive et indésirable. Sa présence est combattue dans de nombreux endroits en Suisse et dans le monde, hors de son aire d’origine.
Dans les Préalpes vaudoises, la berce du Caucase est bien présente. Elle s’est répandue à partir des jardins botaniques, entre autre celui de Pont de Nant. On la trouve actuellement le long des cours d’eaux et des routes, et même dans certains pâturages.
Dans le Vallon de Nant, la berce du Caucase pousse dans le pâturage situé en dessous du jardin botanique. Actuellement, elle n’est heureusement pas présente ailleurs dans le vallon.
Un modèle de distribution d’espèce, basé principalement sur le climat, nous montre que les zones favorables à l’espèce sont plus larges que celles qu’elle occupe pour l’instant. Elle a donc la possibilité de continuer à s’étendre déjà sous les conditions climatiques actuelles.
En simulant un réchauffement du climat, on voit que les zones favorables à l’espèce vont augmenter dans le futur. Ces résultats sont à prendre avec précaution car le climat n’est pas le seul facteur qui déterminera l’extension de la berce du Caucase. La profondeur et la qualité du sol, par exemple, pourront l’empêcher de monter aussi haut que le modèle le prédit. On peut toutefois conclure que cette espèce devrait être encore favorisée par les augmentations de température prévues dans le futur, avec un risque potentiel pour l’homme. Elle constitue aussi une menace pour la flore montagnarde et subalpine. Il est donc important de signaler cette plante lorsqu’on la rencontre et de continuer à lutter contre son expansion.
Crédits: Blaise Petitpierre, Mila Pajkovic, Anne Dubuis, Antoine Guisan, A. Maibach Sàrl
Faune et flore |
Illustration: Christian Kaiser
Endommagé par les pierres du torrent, l'épicea ne s'avoue pas vaincu
Dans notre société du pétrole, il est difficile de se rendre compte combien le bois était essentiel aux sociétés des siècles passés: seul combustible pour se chauffer et pour l'industrie naissante et principal matériau de construction, tout le monde en avait besoin. De plus, le ramassage de la litière à l'automne pour les étables et fertiliser les champs endommageait les jeunes plantules. Les troupeaux de chèvres, la vache du pauvre, finissaient le travail en broutant les jeunes pousses des arbres. En 1862, les forêts ne couvraient que 7700 km2 de la Suisse, contre 12'300 km2 maintenant.
Dans la région de Bex, la situation était encore aggravée par les Salines: le bois était essentiel à l'étayage des galeries, 20'000 mélèzes avaient été nécessaires à la création de 50 km de saumoducs, pipelines regroupant l'eau des différentes mines, et le bois comme combustible servait à évaporer l'eau salée: 11 kg de bois pour obtenir 1 kg de sel. Autant dire que les forêts du Vallon de Nant étaient en bien mauvais état à la fin du 19ème siècle. De ce fait, les très vieux épicéas y sont rares.
Depuis la mise en réserve du vallon en 1969, les forêts ne sont plus exploitées. Elles l'étaient déjà peu avant et elles constituent donc une des grandes réserves forestières de Suisse. Les arbres peuvent y grandir, vieillir et pourrir sur pied librement. Comme les arbres sont encore jeunes, il y a encore peu de bois mort. Mais en ouvrant les yeux, vous verrez ici et là quelques troncs finir leur vie comme HLM pour oiseaux cavernicoles (pics, chouettes, mésanges, ...) et se faire lentement décomposer par des coléoptères xylophages (les larves se nourrissent de bois mort) et par des champignons lignicoles. En Suisse, 800 espèces de champignons participent à la décomposition du bois d'épicéa. La biodiversité forestière est promise à un brillant avenir dans le Vallon de Nant.
Cirafici S. (2004). Sur les traces de l'or blanc... Le sentier du sol. In: Starobinski P. (ed). Aux lumières du lieu. 15 itinéraires culturels dans les Alpes vaudoises, le Chablais et la Pays-d'Enhaut. Lep, Le Mont-sur-Lausanne: 13-29.
Plumettaz Clot A.-C., Cherix D., Dessimoz F., Gattolliat J.-L., Gmür P., Vittoz P. & Vust M. (eds.) (2009). Biodiversité du Vallon de Nant. Premières Journées de la biodiversité en Suisse romande (5-6 juillet 2008). Société vaudoise des Sciences naturelles, Lausanne, 240 p.
Géomorphologie |
Illustration: Christian Kaiser
Tout le monde est d’accord, l’eau dans la rivière et les torrents vient du ciel. Mais, entre le ciel et la rivière, il y a deux processus importants. Environ 60% des précipitations tombe sous forme de neige. Mais, après 1985, il y a eu une diminution progressive de ce pourcentage. Ce changement est lié au réchauffement depuis les années 80s.
La neige est d’une grande importance pour l’hydrologie car la neige qui tombe pendant la période d’octobre à mars s’accumule dans le basin. Les simulations montrent que l’accumulation de la neige est maximum entre mars et avril, même s’ il y a une variabilité d’une année à l’autre.
En conclusion, les débits dans la rivière ne sont pas importants pendant l’hiver, sauf s’il y a un réchauffement temporaire qui a comme résultat la fonte de la neige. Les débits sont plus grands, en général pendant les mois de mai et juin. Ils peuvent être fortement augmentés par la pluie « sur neige », surtout avec les précipitations «chaudes» qui arrivent avec les événements orageux du début de l’été (juin-juillet). Pendant cette période, le stock de neige dans le bassin diminue et cela a comme conséquence la diminution des débits en été et en automne pendant les mois d’août et septembre. La diminution des débits varie néanmoins en fonction de la variabilité météorologique annuelle car le débit de l’eau dépend directement de la pluie directe pendant cette période.
Avec ces caractéristiques, le Vallon de Nant a un régime hydrologique de type «nivo-glaciaire»: c’est-à-dire que l’hydrologie du bassin est dominée par l’accumulation de neige pendant l’hiver et la fonte de neige pendant le printemps et le début d’été. Le pourcentage de la surface du bassin couvert par de glaciers est environ 5% (Glacier des Martinets) et même si ce pourcentage n’est pas grand, c’est suffisant pour maintenir un débit de l’eau pendant l’été et au début de l’automne, et diminuer la sécheresse pendant cette période.
Faune et flore |
Photos: Annelise Dutoit et Florian Dessimoz
Les pentes sous le Lués de la Larze (versant droit du Vallon de Nant) et sous la Percée (versant gauche) en 1969 et en 2008.
Jusque dans vers 1970, vaches et génisses n'étaient pas les seules à pâturer le vallon de Nant. En effet, les pentes raides étaient le domaine des moutons et des chèvres. Avec la mise en réserve du vallon, il a été décidé qu'ovins et caprins n'avaient rien à faire dans une réserve étant donné leur capacité de nuisance: les chèvres broutent les jeunes arbres et les moutons tassent le terrain et favorisent l'érosion des pentes. Mais est-ce vraiment mieux maintenant?
Aux siècles passés, les agriculteurs avaient investis de gros efforts pour couper la forêt et gagner ainsi de nouveaux pâturages. Entre 1850 et 1900, l'agriculture a atteint un maximum d'occupation des terres, avec utilisation de toutes les surfaces atteignables. Ainsi, le professeur et poète Eugène Rambert raconte en 1871 dans son ouvrage «Bex et ses environs» le ramassage du foin dans les vires des falaises surplombant Pont de Nant: les paysans fauchaient les pelouses au sommet des falaises et poussaient le foin en bas, passant par les vires pour ramasser les brins égarés. Les pentes herbeuses prises entre les falaises au-dessus de l'alpage de Nant étaient broutées, les bergers conduisant les chèvres par des sentiers vertigineux maintenant disparus.
En l'absence de pâture, arbustes et arbres regagnent le terrain perdu aux siècles passés. Le processus est lent, trop lent pour être perçu par les promeneurs, mais inexorable. Seules les avalanches empêchent partiellement leur installation, mais l'aulne vert, buisson bas et flexible, est vigoureux et ne se laisse guère freiner par elles. Et les changements climatiques accélèrent probablement le processus.
Est-ce mieux ou moins bien? C'est une question de perception et de priorité. Le paysage est plus sauvage, présente une dynamique plus naturelle, mais les forêts sont généralement moins riches en plantes et papillons que les pentes herbeuses.
Cirafici S. (2004). Sur les traces de l'or blanc... Le sentier du sol. In: Starobinski P. (ed). Aux lumières du lieu. 15 itinéraires culturels dans les Alpes vaudoises, le Chablais et la Pays-d'Enhaut. Lep, Le Mont-sur-Lausanne: 13-29.
Plumettaz Clot A.-C., Cherix D., Dessimoz F., Gattolliat J.-L., Gmür P., Vittoz P. & Vust M. (eds.) (2009). Biodiversité du Vallon de Nant. Premières Journées de la biodiversité en Suisse romande (5-6 juillet 2008). Société vaudoise des Sciences naturelles, Lausanne, 240 p.
Faune et flore |
Dans le vallon, la diversité des espèces diminue lorsque l'altitude augmente, au profit d’espèces de plus en plus spécialisées. A l’étage subalpin, la diversité est la plus grande parmi les oiseaux forestiers.
La mésange huppée, également présente dans les massifs d’épicéas de plaine, trouve ici son habitat originel. Cette mésange est en effet étroitement liée aux conifères, en particulier à l’épicéa. Elle habite de préférence les boisements compacts et d’un certain âge.
Le pic tridactyle, qui doit son nom au nombre de doigts de ses pattes (trois par patte contrairement aux autres pics qui en ont quatre), est inféodé aux forêts subalpines d’épicéa. Il a besoin de vieux arbres et d’une grande quantité de bois mort sur pied pour nicher et trouver sa nourriture (plus de 20 m3 d’arbres morts sur pied par ha).
En lisière forestière, le pipit des arbres, migrateur transsaharien, lance sa ritournelle dès son retour au mois d’avril en effectuant son vol typique en «parachute». Après avoir conquis le coeur de sa dulcinée, il ira nicher dans les herbages avoisinants. Cet oiseau, comme plusieurs autres nicheurs des prairies et pâturages, a déserté la plaine où il nichait autrefois pour ne subsister qu'en moyenne montagne.
La fauvette babillarde construit son nid, quant à elle, dans la forêt claire des Larzettes, dans les massifs buissonnants de saule et d’aulne vert ainsi que dans les brousses d’arbustes nains. Son nom évoque son chant au phrasé répétitif qu’elle entonne à son retour dans nos montagnes, au mois d’avril.
Faune et flore |
Photo: Florian Dessimoz
La Gentiane à feuilles d'Asclépiade
Du point de vue de la floraison, le meilleur moment pour parcourir le Vallon de Nant se situe entre mi-juin et mi-juillet. Pelouses et bords des sentiers sont alors un festival de jaune, de rose et de bleu. Passé mi-août, les fleurs se font plus rares et le Vallon commence à prendre des couleurs d'automne. Mais c'est le moment où commence à fleurir la Gentiane à feuilles d'Asclépiade (Gentiana asclepiadea).
Sans être rare, l'espèce n'est pas pour autant fréquente, s'observant essentiellement dans les Préalpes et au Nord des Alpes. Mais elle est abondante dans le Vallon de Nant, formant des touffes denses, hautes d'une cinquantaine de centimètres, reconnaissables aux longues feuilles brillantes, marquées par 3-5 nervures longitudinales.
Les feuilles de cette gentiane rappellent certaines Asclépiades, groupe de plantes nommé par Linné en l'honneur d'Asclépios, dieu grec de la médecine.
Géomorphologie |
Photo aérienne de ©Swisstopo, orthorectification par l’Université de Lausanne.
Pendant notre balade, jusqu’à maintenant, nous avons été dans une vallée limitée par des pentes raides et rocheuses. Ici, le fond de la vallée devient plus large et nous permet de comparer cette plaine alluviale, avec la zone à l’aval, moins large.
Le relief du Vallon de Nant est l’héritage des anciens glaciers. Ici, dans la zone en amont, les glaciers ont créé une vallée plus large mais aussi avec une pente moins raide. C’est parfait pour créer une zone sédimentaire où le dépôt des sédiments encourage le développement de rivière en tresse et une plaine alluviale. Dans la photographie ci-dessus on peut voir les zones de dépôt comme des zones blanches, qui délimitent la zone occupée par la rivière pendant les grands évènements. Dans la zone plus basse, on a une rivière avec des mouilles (trous) et des seuils (bosses) et un mélange de tronçons alluviaux et tronçons rocheux. Il y a deux raisons. La pente de la vallée est plus importante, et donc le taux de transport des sédiments augmente. Avec une diminution de la largeur de la vallée, c’est plus difficile pour la rivière d’évoluer dans un système en tresse. Les rivières en tresse augmentent la perte d’énergie d’une rivière, et donc ils diminuent le taux de transport des sédiments qui peut maintenir les zones alluviales.
D’où viennent les sédiments? C’est aussi clair dans la photographie qu’il y a des dépôts de sédiments depuis plusieurs torrents: Les Martinets, le Nant des Têtes, les Nants de la Tsabou et de la Tour.
La zone alluviale est dynamique. On peut voir une augmentation dans la zone sédimentaire entre 2004 et 2010. La raison de ces changements a deux dimensions: soit cela est lié à une augmentation dans le taux de livraison des sédiments des torrents, soit c’est lié à une diminution dans la capacité de transport des sédiments, suite aux changements hydrologiques. Des études hydrologiques menées par l'Université de Lausanne montrent une diminution dans la fréquence des crues depuis la fin des années 1980 dans le Vallon et il est possible que ce soit la cause de cette augmentation. Dans les zones proches de la rivière on peut voir des arbres endommagés par les sédiments.
Lovis, B. (2013). Etude hydrogéomorphologique des transferts sédimentaires d’un bassin versant alpin. Le cas du Vallon de Nant (Vaud, Suisse). Mémoire publié février 2013, Université de Lausanne.
Climatologie |
Illustration: Jean-Michel Fallot
Températures moyennes dans le Vallon de Nant
Par ciel clair et vent faible, le sol se refroidit fortement par rayonnement durant la nuit, l’air près du sol en fait de même et il devient plus froid et plus lourd que l’air environnant. Il descend alors les versants et les vallées en remplissant le fond de ces dernières et des cuvettes. Il en résulte des températures pratiquement aussi basses durant la nuit au fond du vallon de Nant que sur les versants situés 300 m plus haut (Chaux).
Cet air froid s’écoule vers l’aval le long de ce vallon, mais il tend à s’accumuler vers le Pont de Nant, car il est bloqué par celui descendant de la vallée latérale des Esserts. Cela se traduit par des températures souvent aussi basses durant la nuit à Pont de Nant qu’à l’alpage de Nant pourtant situé 250 m plus haut. Cet air froid persiste plus longtemps le matin au fond de ce vallon, notamment à Pont de Nant, à cause de l’arrivée plus tardive du soleil. De tels phénomènes liés à la topographie locale sont également observés ailleurs.
L’ampleur de ces accumulations d’air froid varie fortement en fonction de la morphologie des vallées. Les fonds de vallées ou les dépressions larges comme celles de Conches en Haut Valais, de l’Inn en Haute Engadine ou de la Brévine dans le Jura neuchâtelois sont particulièrement exposées à ces accumulations d’air froid et à des températures basses par nuit claire et calme.
Ces accumulations d’air froid influencent les températures moyennes annuelles de l’air à 2 m/sol. Pour une même altitude, elles sont plus basses de 0.5 à 1°C au fond des vallées que sur les versants ou sommets, voire même de 2°C pour les fonds de vallées les plus exposés (Conches, Inn, La Brévine). Une telle différence n’est pas négligeable et elle se répercute notamment sur la végétation où on peut trouver des espèces végétales caractéristiques d’un climat froid à des altitudes plus basses au fond de certaines vallées.
Faune et flore |
Photo: Pascal Vittoz
Plus broutée depuis 1970 par les moutons ou les chèvres, l'herbe est maintenant plus haute et les plantes alpines se raréfient.
Jusque vers 1970, vaches et génisses n'étaient pas les seules à pâturer le vallon de Nant. En effet, les pentes raides étaient le domaine des moutons et des chèvres. Avec la mise en réserve du vallon, il a été décidé qu'ovins et caprins n'avaient rien à faire dans une réserve étant donné leur capacité de nuisance: les chèvres broutent les jeunes arbres et les moutons tassent le terrain et favorisent l'érosion des pentes. Mais est-ce vraiment mieux maintenant?
Une étude très détaillée de la végétation qui a eu lieu autour de 1970 nous a transmis de nombreux inventaires floristiques effectués sur ces pentes. La grande précision du travail a permis de relocaliser une partie de ces inventaires et de les répéter en 2006.
Globalement, aucune espèce de plantes n'a disparu et aucune nouvelle espèce n'est apparue. Mais trente-trois espèces sont devenues plus fréquentes et treize sont devenues moins fréquentes. Celles qui augmentent montrent le développement de la forêt (voir précédemment) ou le développement de friches (surfaces agricoles abandonnées). Inversement, celles qui diminuent sont avant tout des espèces alpines, normalement présentes au-dessus de la forêt. Peut-on y voir l'influence des changements climatiques? Peut-être mais pas uniquement. En broutant ces pentes, chèvres et moutons maintenaient une herbe basse, favorables aux petites espèces, dont les espèces alpines. Elles avaient donc étendu artificiellement leur domaine vers le bas, aux altitudes normalement occupées par la forêt. Maintenant, l'herbe non broutée est trop haute pour ces espèces alpines qui régressent aux altitudes les plus basses. Mais elles se maintiennent plus haut sur les pentes, et pour l'instant on ne peut pas dire que la diversité diminue, mais cela pourrait venir si les arbres prennent le dessus (voir poste 7) et avec les changements climatiques (voir plus loin).
Dutoit, A. (1983) La végétation de l'étage subalpin du Vallon de Nant. Thèse de doctorat, Université de Lausanne, Lausanne.
Vittoz, P., Randin, C. F., Dutoit, A., Bonnet, F. & Hegg, O. (2009) Low impact of climate change on subalpine grasslands in the Swiss Northern Alps. Global Change Biology, 15, 209-220.
Faune et flore |
Illustration: Yannick Chittaro
L’Apollon (Parnassius apollo), le Petit Apollon (Parnassius phoebus) et le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne) sont trois des six représentants de la famille des papilionidés présents en Suisse. Ce sont de grandes espèces de couleur blanche ornées de dessins noirs et rouges; le corps est vigoureux et très poilu. L’Apollon et le Petit Apollon sont facilement confondus. Le critère le plus fiable est l’antenne qui est annelée de blanc et noir chez le Petit Apollon et uniformément grise chez l’Apollon. Chez le Semi-Apollon, les ailes ne sont pas ornées de points rouges.
Les Apollons sont typiquement des espèces montagnardes. Très sédentaires et liées à des habitats limités. Leur vol est incessant, tourbillonnant, et rasant la végétation. Le Petit Apollon est souvent observé au bord des ruisseaux de montagne. Sa chenille se développe et se nourrit sur la saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides) ou les joubarbes. L’Apollon préfère les endroits secs au sol maigre et pierreux et sa chenille se nourrit principalement d’orpin blanc (Sedum album). Le Semi-Apollon colonise lui des pâturages et prairies au sol profond bordés d’arbustes ou de petits arbres espacés. Sa chenille se développe sur les corydales (Corydalis sp.).
Les Apollons ont tout trois été observés dans la région de Pont de Nant. Le Semi-Apollon n’a pas été vu dans le vallon de Nant proprement dit, mais au lieu-dit «Le Richard» au sud du Lion d’Argentine. La température plus élevée de ce site permet notamment à des espèces plus thermophiles, absentes du vallon de Nant, de se développer et abrite une faune différente. Les deux autres espèces trouvent orpins et saxifrages dans les cailloux et le long des ruisseaux de l'alpage de Nant.
En Suisse, les papillons se sont fortement raréfiés ces dernières décennies. Ainsi, pour mesurer ces changements, des surfaces ont été délimitées et précisément inventoriées dans le vallon de Nant, tout comme dans le Parc national suisse. La répétition future de ces inventaires permettra d'évaluer l'impact des changements climatiques ou de la gestion du pâturage sur ces espèces.
Faune et flore Géomorphologie |
Photo: Christian Kaiser
La végétation recouvre les sédiments déposés par la rivières
Le Vallon de Nant se distingue de bien d'autres vallées alpines par la dynamique complètement naturelle de ses rivières, ruisseaux et nants (torrents temporaires, en eau qu'à la fonte des neiges et lors de grosses précipitations). Rien n'arrête les crues et rien n'empêche le transport de graviers, cailloux et blocs par les rivières. Les hautes parois rocheuses qui l'entourent libèrent chaque année de grandes quantités de matériaux, qui se déposent sous forme d'éboulis, de cônes de déjection ou d'alluvions le long de la rivière.
Le cône de déjection des Larzettes, sous la Dent Favre, est le résultat de millénaires de dépôts. Et cela continue. Régulièrement, le lit du nant principal change, déplaçant en conséquence la zone d'alluvionnement. Mais très vite, les plantes commencent à coloniser le terrain, mettant en place une dynamique allant des graviers à la forêt.
Les premières espèces à s'installer sur les cailloux nus sont l'Epilobe de Fleischer et la Saxifrage faux aïzoon. On trouve ces espèces en abondance directement dans les cailloux. Viennent ensuite d'autres pionnières comme le Pétasite paradoxal, la Calamagrostide bigarrée, la Dryade à huit pétales et la Globulaire à feuilles en coeur, ou des espèces de pelouses calcaires comme l'Anthyllide alpestre, l'Alchémille à folioles soudées et la Laîche toujours verte. Ces premières espèces contribuent à stabiliser le terrain et vont enrichir le sol de matière organique. Les tout premiers mélèzes germent aussi à ce stade, mais leur croissance est lente. Après une vingtaine d'années environ, différentes espèces plus exigeantes s'installent: la Carline acaule, l'Epervière bifide, le Lotier corniculé, la Laîche ferrugineuse ou la Seslérie bleuâtre. Inversement, les premières arrivées (Epilobe et Saxifrage) cèdent devant la concurrence des nouvelles espèces.
Après plus de 50 ans, bien que toujours peu profond, le sol couvre la quasi-totalité de la surface et les plantes ne laissent voir que les plus gros blocs. Les pionnières de petites tailles disparaissent presque complètement mais la diversité augmente fortement, avec jusqu'à 40 espèces par m2. Parmi les nouvelles arrivées, on a des espèces de prairies (Euphorbe faux cyprès, Alchémille vulgaire, Trèfle des près, Fétuque rouge) et des espèces forestières (Aposéris fétide, Renoncule des bois, Luzule de Sieber). En effet, les mélèzes ont atteint déjà plusieurs mètres, ombrageant la surface et créant une ambiance forestière claire.
Potentiellement, le processus peut continuer jusqu'à former une forêt âgée, avec un sol profond, après 300-500 ans. Mais il y a toutes les chances que le nant apporte avant une nouvelle couche de gravats, remettant les pendules à zéro.
Géomorphologie |
Photo: Laure Borgeaud
Le cône de déjection des Larzettes
Il est alimenté par un torrent principal issu de ce dernier sommet et un bras secondaire trouve son origine vers Grand Pena (env. 2300 m). Dès la fin de la paroi rocheuse, vers 1700 m, le cours se subdivise et différents chenaux s’étalent dans la zone plane.
Le résultat est une forme de relief classique appelée cône de déjection. Un cône de déjection est créé par la diminution de la pente quand les torrents arrivent dans une vallée, c’est donc un système de dépôt. Normalement, un cône a un chenal principal, parfois deux. La position de ce chenal est dynamique et elle est liée aux processus à la fin de la paroi rocheuse. Par exemple, la sédimentation dans ce chenal peut créer une avulsion c’est-à-dire un changement dans la position du chenal primaire. C’est pourquoi on peut voir plusieurs chenaux, la plupart historiques.
A cause de cette dynamique, il y a une grande variabilité dans la morphologie et la granulométrie de la surface du cône. Cette variabilité est importante pour le développement des communautés floristiques.
Actuellement le cône est beaucoup moins actif en comparaison avec le 19ème siècle, à la fin du Petit Age Glaciaire, une période moins chaude dans l’histoire de la Suisse. Le cône a été beaucoup plus actif dans cette période et cette dynamique a empêché le développement de la végétation. Suite au changement des conditions climatiques, le développement de la végétation et le sol ont stabilisé le cône. Mais, il est toujours possible que lors d’un grand évènement, ce cône redevienne actif, avec un changement important dans la position du chenal principal.
Faune et flore |
Photo: Véronique Helfer
Rencontre avec une salamandre
L’originalité de cette espèce réside dans son mode de reproduction (voir «La reproduction des salamandres noires», poste 19) et son cycle de vie, tous deux particulièrement adaptés à la vie en altitude. En effet, on ne rencontre cet amphibien que dans l’arc alpin, entre 400 et 2’800 m d’altitude. En raison des conditions de vie y régnant, la période d’activité de la salamandre noire se limite à quelques mois par année. Durant la saison froide (entre 6 à 8 mois suivant l’altitude), les individus hivernent.
Tout le cycle de vie semble s’en trouver ralenti. Les salamandres ne peuvent se reproduire qu’à partir de deux ou quatre ans (suivant l’altitude, leur développement sera plus ou moins rapide). Ensuite, la gestation dure entre deux et trois ans, au terme desquelles les femelles donnent généralement naissance à deux individus (on est loin des dizaines voire centaines d'oeufs pondus chaque année chez d'autres espèces d’amphibiens!) entièrement métamorphosés. Les femelles auront donc entre 4 et 7 ans lorsque leur progéniture verra le jour.
Affranchie du milieu aquatique pour la reproduction, la salamandre noire n’en reste pas moins inféodée à un habitat humide. La majeure partie du temps elles se réfugient sous les pierres ou les troncs d’arbres qui jonchent le sol, et parfois même plus en profondeur, en empruntant les anfractuosités de la roche, ou les trous de micromammifères afin d’y trouver le microclimat qui leur est favorable. Ce mode de vie en fait un animal particulièrement difficile à observer. En effet, les salamandres ne sortent que par temps de pluie, ou très tôt le matin. Mais si vous n’avez pas peur de la pluie ou si vous êtes matinal, vous aurez alors le loisir de les observer sur les sentiers ou sous les hautes herbes.
Malgré ce rythme de vie au ralentit, les salamandres comptent parmi les rares amphibiens non menacés de Suisse. En effet, grâce à une survie élevée, les salamandres peuvent vivre plus de 20 ans et les populations peuvent atteindre des densités de plus de 3'000 individus à l’hectare. Mais attention, cette espèce reste néanmoins protégée, comme tous les amphibiens de Suisse!
Faune et flore |
La salamandre noire est un amphibien tout à fait atypique. En effet, les autres amphibiens de Suisse sont liés au milieu aquatique pour la reproduction, ce qui les pousse parfois à faire de long et périlleux pèlerinages de leur site d’hibernation à leur site de reproduction. Chez les salamandres noires, pas d’accouplement aquatique, et pas de ponte d'oeufs ou de larves en eau libre. Comme la période d’activité est très courte, la salamandre noire a développé un mode de reproduction qui lui a permis de s'affranchir du milieu aquatique tant pour l’accouplement que pour le développement des jeunes. La salamandre noire est entièrement terrestre. Lorsque les conditions sont suffisamment humides pour leur permettre de quitter leurs refuges, il n’est alors pas rare d’observer les mâles perchés sur des pierres ou autre monticule pour guetter les femelles, ou alors déjà en train de s’accoupler pour les plus chanceux, et parfois même d’observer plusieurs individus en train de se disputer les faveurs d’une femelle. L’accouplement est un véritable spectacle acrobatique qui peut durer entre 40 minutes et 4 heures et demie! Ce spectacle s’offre à vous de fin mai jusqu’à la mi-août, sur les sentiers du Vallon de Nant.
Une fois ces acrobaties terminées, il faudra attendre deux à trois ans à la femelle pour donner généralement naissance à deux nouveau-nés semblables aux adultes, version miniature (entre 4 à 5 cm à la naissance). En effet la salamandre est vivipare! Et ce n’est pas tout! Elle est vivipare et matrotrophe. Ce mot barbare désigne la façon non moins barbare dont les larves se nourrissent durant cette longue gestation. En effet, dans chacun des deux utérus de la femelle, une larve va se développer tout d’abord en se nourrissant des réserves de l’oeuf, puis une fois celles-ci épuisées, les larves vont éclore et se nourrir d’oeufs «trophiques» non-fécondés, mais aussi directement de leur mère, en broutant des cellules d’une région de l’utérus prévue à cet effet, appelée la «zona trophica». Barbare, mais efficace! Grâce à cela, le développement larvaire complet peut se faire dans l’utérus à l’abri des conditions rudes liées au climat d’altitude.
Climatologie Faune et flore |
Photo: Pascal Vittoz
Inventaire de la flore dans un carré permanent du Vallon de Nant
Depuis le début du 20ème siècle, la température a augmenté d'environ 1,7°C dans les Préalpes. Il ne fait maintenant aucun doute que ce réchauffement est essentiellement dû à l'émission de gaz à effet de serre par les activités humaines. Différentes études ont déjà montré un fort enrichissement de la flore sur les sommets situés à plus de 2800 m, mais nous manquons de données anciennes aux altitudes du Vallon de Nant pour évaluer les changements passés et présents.
Afin de mettre en évidence les changements futurs, une dizaine de carrés permanents ont été marqués dans les pelouses et pâturages du Vallon de Nant, et une douzaine dans les forêts plus bas dans la vallée, afin de suivre en temps réel l'impact des changements climatiques, ou d'autres facteurs (déprise agricole, pollution atmosphérique), sur la flore et la végétation. D'autres carrés permanents, ailleurs en Romandie, complètent le dispositif mis en place en 2006. Ces carrés sont discrètement marqués sur le terrain et leur position mesurée avec un GPS précis. Il sera ainsi possible de revenir régulièrement effectuer un inventaire complet et précis de la flore de chaque carré. Seul un tel suivi permettra de mettre en évidence à temps la disparition de certaines espèces et de prendre ainsi les mesures adéquates pour leur sauvegarde.
Rebetez, M. & Reinhard, M. (2008) Monthly air temperature trends in Switzerland 1901-2000 and 1975-2004. Theoretical and Applied Climatology, 91, 27-34.
Faune et flore |
La Suisse porte une grande responsabilité, à l’échelle européenne, dans la préservation des espèces montagnardes, particulièrement sensibles aux effets du réchauffement climatique.
Notre pays héberge notamment 29% des effectifs européens de l’accenteur alpin. Ce passereau robuste fréquente les escarpements rocheux, les éboulis et les arêtes rocheuses, bien au-delà de la limite supérieure des forêts. Seules d’abondantes chutes de neige le forcent à quitter la haute montagne pour aller chercher sa nourriture parfois jusqu’en plaine. L’aigle royal, dont un couple fréquente la région du Vallon de Nant, est souvent observé en train de planer le long des falaises. Il se reconnait de loin à son envergure (environ 2 mètres) et à sa silhouette avec des ailes larges aux rémiges digitées, avec du blanc dessous chez les immatures. La population de cette espèce est en expansion dans notre pays depuis la fin du 20ème siècle.
Le chocard à bec jaune, acrobate des airs, vient souvent profiter des miettes des pique-niqueurs. En hiver, ils descendent parfois en groupe jusqu’à Aigle et regagnent ensuite, en tournoyant dans les ascendances, les parois rocheuses qui leur serviront de dortoir. Favorisée par le développement du tourisme hivernal, la population de cette espèce de plus en plus anthropophile semble se stabiliser, après une augmentation jusqu’à la fin du 20ème siècle.
Le lagopède alpin, relique de l'époque glaciaire, est capable de subsister toute l’année en altitude et de résister à des températures extrêmes en se réfugiant dans des «igloos». Son plumage brun-noir devient blanc et plus dense en hiver, le protégeant ainsi des prédateurs et du froid. Il est tellement confiant en son mimétisme qu'approché, il reste longtemps immobile dans la neige avant de fuir au dernier moment. Cette fuite l'expose au froid et il perd alors beaucoup d'énergie en s’envolant. L’augmentation des dérangements causés par l’homme, conjuguée aux effets du réchauffement climatique, expliquent la diminution de sa population depuis les années 1990.
Climatologie Faune et flore |
Photo: Anne Dubuis
Le saxifrage à feuilles opposées (Saxifraga oppositifolia), avec ses fleurs roses
Les espèces végétales caractéristiques de l’étage alpin sont confrontées à des conditions environnementales particulièrement difficiles. En dessus de 2000 m, la saison de végétation est courte, les températures moyennes restent plutôt basses (autour de 3°C) alors que parfois, par fort ensoleillement en été, la température au sol peut dépasser les 50°C. Les plantes sont ainsi exposées de manière variable à la neige, au vent et au gel, selon leur situation. De plus, le sol souvent instable requiert des adaptations particulières pour résister aux éboulements et autres glissements de terrain.
On peut dès lors se demander pourquoi des espèces qui peuvent tolérer ces conditions extrêmes ne poussent pas aussi dans les climats plus cléments de basse altitude. Cela ne résulte généralement pas de limitations physiologiques, mais plutôt de la concurrence des espèces de plus basses altitudes qui, ne subissant pas le coût de ces adaptations physiologiques, peuvent utiliser plus efficacement les ressources et croître plus rapidement.
Le saxifrage à feuilles opposées (Saxifraga oppositifolia), dont les fleurs roses décorent les éboulis calcaires de mai à juillet, présente la morphologie typique des espèces alpines (voire photo ci-dessus). Ses feuilles rigides et résistantes ont une longue durée de vie. Son port rampant donne peu de prise au vent, tout en lui permettant de se trouver rapidement à l’abri sous la neige en hiver, et de capter efficacement le rayonnement solaire en été.
Les modèles de distribution d’espèces sont des outils statistiques permettant d’estimer la répartition géographique potentielle d’une espèce en fonction de son environnement. Un tel modèle a été calculé pour le saxifrage à feuilles opposées et nous permet de visualiser les zones qui lui sont favorables dans la région du Vallon de Nant.
Les modèles de distributions d’espèces ont l’avantage de permettre, en leur intégrant des scénarii de changement climatique, la prédiction de la distribution d’espèces dans le futur. Ici, nous avons appliqué à notre modèle un scénario qui prévoit la poursuite des émissions de gaz à effet de serre, avec comme conséquence une augmentation de la température en Suisse de 3 à 5°C d’ici la fin du XXIe siècle, suivant les régions (voire cartes de distribution ci-dessous).
Hormis les conséquences multiples auxquelles l’homme devra faire face, un tel réchauffement ne restera pas sans effets pour les espèces végétales alpines. Dans le cas du saxifrage à feuilles opposées, on voit que sa distribution potentielle se restreint progressivement vers des altitudes toujours plus importantes, pour se limiter finalement aux plus hauts sommets de la région en 2085. Ce phénomène résulterait principalement de la montée d’espèces de plus basse altitude qui, en leur faisant concurrence, repousseraient les espèces alpines toujours plus haut.
Ces projections doivent cependant être prises avec précaution. Une telle migration pourrait par exemple s’effectuer plus lentement que prédite par le modèle, un certain temps étant nécessaire, par exemple, à la formation d’un sol plus profond, favorable aux envahisseurs. Il reste toutefois probable que les fleurs qui agrémenteront les ballades en montagne de nos descendants seront différentes de celles qu’on observe aujourd’hui.
Zones définies par le modèle comme favorables au saxifrage à feuilles opposées (Saxifraga oppositifolia), en rouge, dans les conditions actuelles, et dans les conditions prédites pour le futur (en 2035, 2060, 2085):
Crédits: Jean-Nicolas Pradervand, Anne Dubuis, Antoine Guisan, A.Maibach Sàrl
Géomorphologie |
Photo: Christian Kaiser
Le haut du Vallon de Nant est marqué par la présence du glacier des Martinets et de ses volumineuses constructions morainiques. Bénéficiant du fort ombrage offert par les hautes parois calcaires des Dents de Morcles, le glacier atteint des altitudes relativement basses. L’autre effet de l’ombre portée est la décroissance d’ouest en est de l’altitude de la ligne de névé, parallèlement au pied des parois, ce qui confère au glacier une forme très étroite.
Le glacier a remobilisé de grosses quantités de matériaux éboulés des parois. On les retrouve sous la forme de plusieurs arcs ou crêtes morainiques. Les principales crêtes situées à proximité du glacier datent du Petit Age Glaciaire. Elles marquent l'extension du glacier des Martinets il y a 150 ans environ. La partie frontale de la marge proglaciaire est fortement ravinée. En rive gauche de ce système, on observe un autre complexe morainique constitué de plusieurs crêtes concentriques partiellement végétalisées. Ces formations remontent à des périodes plus anciennes de l'Holocène, voire au Tardiglaciaire (voire illustration ci-dessous).
Légèrement à l’amont, à l’extérieur des complexes morainiques, se trouvent d’autres accumulations sédimentaires constituées de gros blocs en surface et de fronts raides. Il s’agit de glaciers rocheux, dont l’aspect bombé laisse penser que de la glace y est toujours présente. On peut y distinguer deux formations d’âges différents.
Illustration: Christian Kaiser, Photo aérienne: © swisstopo 2013 (BA13088)
Climatologie Géomorphologie |
Lovis, Benoît (2013). Etude hydrogéomorphologique des transferts sédimentaires d’un bassin versant alpin. Le cas du Vallon de Nant (Vaud, Suisse). Mémoire publié en février 2013, Université de Lausanne.
Le stockage hivernal de neige à la fin mars, 1940-2010.
Etant donné l’importance du stockage de neige dans le Vallon pour le débit de l’eau pendant le printemps et l’été, l’hydrologie du Vallon est forcement influencé par la variabilité des précipitations mais aussi les changements de température. Avec un réchauffement, il y a trois processus importants pour l’hydrologie d’un bassin typique de moyenne montagne:
Les analyses de l’Université de Lausanne montrent que jusqu’à présent il n’y a pas eu un changement clair dans la quantité des précipitations qui tombent dans le Vallon. Mais, il y a eu un réchauffement dans le bassin et aussi une diminution progressive dans le stockage de neige dans le bassin à la fin d’hiver. Le graphique ci-dessus montre que, même si on peut toujours avoir des années avec un stockage de neige important à la fin mars, depuis la fin des années 1980, il y a une importante tendance à la diminution du stock de neige.
Le résultat de ces changements est assez important pour trois raisons:
Le graphique ci-dessus montre que la probabilité d’une tempête «chaude» augmente entre le printemps et l’été. Dans une année plus froide, avec plus de stockage de neige à la fin mars, on va avoir une couche neigeuse plus importante qui a besoin de plus de temps pour fondre. Dans une année plus chaude, il y aura moins de neige stockée. Donc, la probabilité d’avoir un grand événement pluie-sur-neige diminue avec les années plus chaudes. En théorie, le réchauffement climatique va diminuer l’ampleur et la fréquence des crues. Les simulations numériques de l’Université de Lausanne montrent qu’en effet, il y a eu une diminution de la probabilité des crues dans le Vallon de Nant depuis la fin des années 1980.
Climatologie Faune et flore |
Photo: Anne Dubuis
Succession des formes de végétation dans les Préalpes vaudoises: à la forêt succèdent les landes plus basses puis les pelouses alpines et finalement la végétation clairsemée des éboulis et moraines d’altitude.
En considérant la forme d’une plante, il est possible d’en déduire son fonctionnement et ses stratégies de croissance.
Une plante de grande taille, avec des feuilles larges, doit être efficace pour acquérir des nutriments afin de soutenir sa croissance. Au contraire une plante de petite taille, poussant lentement, présente souvent de petites feuilles coriaces qui lui permettent de stocker les nutriments.
La forme d’une espèce nous renseigne donc sur la manière dont celle-ci fait face à son environnement. La plante de petite taille sera la plus efficace en haute altitude, dans des conditions climatiques difficiles : ses feuilles à faible teneur en eau résistent mieux au gel et grâce à sa taille, elle évite les effets négatifs du vent. Dans des conditions plus clémentes par contre, les contraintes de ces adaptations au climat alpin font qu’elle ne pourra pas pousser plus vite et se fera immanquablement supplanter par des plantes de plus grande taille mieux adaptées à ces conditions et dont la vitesse de croissance leur permettra de s’imposer en s’accaparant les ressources vitales, telles que la lumière ou les minéraux du sol.
La compréhension de ces phénomènes est particulièrement importante lors de l’étude des réactions de la végétation face à un changement climatique. Afin d’améliorer cette compréhension, les scientifiques prennent des mesures (hauteur de la plante, surface et épaisseur de ses feuilles) sur les espèces. Sur cette base, on peut calculer par exemple la hauteur moyenne d’une communauté d’espèces végétales.
La hauteur de la végétation reflète sa vitesse de croissance et sa productivité. Un modèle, prédisant la hauteur de la végétation herbacée (sans la forêt) en fonction du climat, a été calculé pour la région du Vallon de Nant. Comme attendu, le modèle confirme que plus l’altitude est élevée et plus le climat est contraignant, plus la végétation est basse.
Ce modèle a été projeté dans le futur (voir illustrations ci-dessous). Dans notre étude, nous avons volontairement choisi un scénario qui prévoit la poursuite des émissions de gaz à effet de serre. Selon ce scénario et le réchauffement qu’il prédit, la hauteur de végétation devrait considérablement augmenter dans le Vallon de Nant durant les 50 prochaines années. Les pelouses alpines seraient alors remplacées par des communautés d’espèces de plus grande taille, aujourd’hui inféodées à des altitudes inférieures mais qui pourraient coloniser des altitudes supérieures suite à l’évolution du climat vers des conditions plus clémentes. Les conditions climatiques favorables à la forêt devraient également s’élever en altitude. Selon ces projections, il faut s’attendre à des modifications importantes du paysage des Préalpes Vaudoises d’ici la fin du XXIe siècle.
Evolution des hauteurs de végétation selon le modèle statistique. Situation actuelle, situation prédite pour 2040 et 2070. Les zones en bleu montrent les zones ou la végétation est la plus basse, les zones en jaune une végétation de hauteur moyenne et plus la couleur vire au rouge plus la végétation est haute.
Crédits: Anne Dubuis, Antoine Guisan, A. Maibach Sàrl
Géologie |
Panorama géologique de l'arête Dents de Morcles - Grand Muveran depuis le col des Pauvres, par H. Badoux de 1972
Depuis le Col de Pauvres, une magnifique vue s'offre au randonneur sur la parois rocheuse de l'autre côté du Vallon de Nant, entre le Grand Muveran à gauche et les Dents de Morcles à droite. Cette paroi nous offre une coupe naturelle à travers les couches géologiques dans lesquelles le Vallon de Nant a été creusé. Il s'agit de couches sédimentaires, principalement calcaires.
Lors de la formation des Alpes, les roches sédimentaires horizontales à l'origine se sont déplacées sous forme de nappes (ensemble de couches qui se sont détachées du socle et qui se sont déplacées sous forme d'une seule unité), et déformées. Lors de ces déformations de nombreux plis se sont formés, dont certains se sont couchés (voir image ci-dessous).
Formation d'un pli couché lors d'une orogenèse.
Sur le flanc inverse d'un pli couché, la stratigraphie est inversée, c'est-à-dire les roches plus jeunes, à l'origine dessus, se trouvent sous les roches plus anciennes. Le Vallon de Nant a été creusé à travers le flanc couché de la nappe des Morcles qui forme un énorme pli couché dont la partie supérieure a été érodée avec le temps. De ce fait, les couches sédimentaires les plus anciennes se trouvent en altitude; la pointe du Petite Muveran ainsi que le haut la Pointe d'Aufalle sont faits des roches les plus anciennes dans cette magnifique paroi rocheuse.
Les couches les plus anciennes ont été formées il y a environ 170 millions d'années, tandis que les plus récentes datent d'il y a environ 35 millions d'années. Vous voyez donc devant vous des roches d'âges très différents, mais toutes très jeunes comparé à l'âge de notre planète qui est estimé à environ 4500 millions d'années!
Cliquez sur une couche géologique pour avoir des détails sur la couche.
Climatologie |
Illustration: Jean-Michel Fallot
Précipitations moyennes annuelles
La densité et la température moyenne de l’air diminuent avec l’altitude, alors que les reliefs favorisent une augmentation des précipitations moyennes avec l’altitude. Ils provoquent également des effets de barrage sur les versants exposés aux vents humides et des effets de foehn sur les versants abrités qui vont influencer la pluviométrie moyenne. De par sa situation au pied des Alpes vaudoises, le vallon de Nant est exposé aux afflux d’air humide d’Ouest à Nord, comme l’ensemble des Préalpes et du versant Nord des Alpes, ce qui lui confère un climat humide et frais, comparativement à celui observé à l’intérieur de la chaîne des Alpes plus abrité et ensoleillé comme le Valais central.
D’après les mesures disponibles pour plus de 100 stations climatiques en Suisse situées à différentes altitudes, les températures annuelles diminuent en moyenne de 0.59°C par 100 mètres d’élévation au-dessus de 1500 m/mer et de 0.46°C par 100 mètres d’élévation au-dessous de 1500 m/mer. Ce réchauffement plus faible au-dessous de 1500 m/mer résulte des accumulations d’air froid se produisant à l’échelle du Plateau suisse et des grandes vallées alpines. Sur la base de mesures effectuées en d’autres endroits des Préalpes romandes durant plusieurs années, on peut ainsi estimer les températures moyennes annuelles dans le vallon de Nant à 5.9°C à une altitude de 1’250 m/mer (Pont de Nant), 4.8°C à 1’500 m/mer (Nant), 1.8°C à 2'000 m/mer, -1.1°C à 2'500 m/mer et -4.1°C à 3'000 m/mer (Grand Muveran). Ces températures annuelles sont probablement un peu plus basses au fond du vallon de Nant, notamment à Pont de Nant, à cause des accumulations d’air froid.
Les précipitations moyennes annuelles augmentent en moyenne de 37 mm pour chaque 100 mètres d’élévation dans les Alpes vaudoises sur la base des mesures disponibles pour 13 stations pluviométriques dans cette région. Les précipitations moyennes annuelles s’élèvent à 1367 mm à Gryon à 1085 m/mer et à 1463 mm aux Plans-sur-Bex à 1070 m/mer pour la période de référence 1961-1990. Sur la base des valeurs mesurées à ce dernier endroit et du gradient pluviométrique moyen de +37 mm par 100 m d’élévation, on peut estimer les précipitations moyennes annuelles à 1530 mm à une altitude de 1250 m/mer (Pont de Nant), 1625 mm à 1'500 m/mer (Nant), 1'810 mm à 2'000 m/mer, 2’000 mm à 2’500 m/mer et 2’190 mm à 3000 m/mer (Grand Muveran).
Ces valeurs sont un peu plus élevées au-dessus de 2'000 m/mer que celles mesurées par les pluviomètres totalisateurs dans la région de Gsteig-Diablerets. Mais le vent et la topographie locale peuvent fortement influencer les valeurs mesurées par ces pluviomètres et le gradient pluviométrique moyen annuel. Ce dernier varie ainsi de +20 à +80 mm par 100 m d’élévation d’une région à l’autre des Alpes. Le réseau de mesures installé dans le vallon de Nant doit notamment vérifier l’exactitude des températures et des précipitations moyennes annuelles estimées dans ce vallon à partir de mesures effectuées dans les régions environnantes sur plusieurs années.
Faune et flore |
Photo: Christian Kaiser
Physionomie de l'aulne vert dans une pente: des branches couchées et très souples
L'aulne vert (ou aune vert, Alnus viridis) est un élément incontournable du paysage alpin autour de la limite de la forêt. Il y est partout où l'eau est en suffisance. En effet, il transpire beaucoup en été, l'équivalent de 200 mm pour le seul mois de juillet, soit beaucoup plus que ce qu'amènent les précipitations. Il préfère donc les pentes peu ensoleillées exposées au nord, sur des sols avec une bonne rétention en eau, ou en dessous de névés. Mais lorsque les conditions lui conviennent, il forme des fourrés très denses, impénétrables pour nous, mais souvent appréciés comme abri par les cerfs.
Sa principale particularité est d'avoir une physionomie rampante, avec des branches très souples. Il supporte donc facilement le poids de la neige et plie sans rompre au passage des avalanches. C'est donc un habitué des pentes soumises à de fréquentes avalanches. Non brouté par les bovins, il tend aussi à coloniser vigoureusement les surfaces peu pâturées, remplaçant progressivement les pâturages par des surfaces 'improductives'. Mais cette faible productivité n'est qu'apparente, car ce sont les écosystèmes les plus productifs du monde alpin. En effet, les aulnes vivent en symbiose avec des bactéries capables de transformer l'azote de l'air, inutilisable par les plantes, en nitrate, forme de l'azote utilisable par les plantes. Et comme l'azote est souvent l'élément le plus limitant pour la croissance dans les écosystèmes, la présence de l'aulne transforme les terrains en milieux hautement productifs, avec une très forte croissance de la végétation. Cela se traduit par un sous-bois dense et dominé par de grandes herbes, généralement aux fleurs colorées.
Favarger C. & Robert P.-A. (1995). Flore et végétation des Alpes. Tome 2. Etage subalpin. 3ème éd. Delachaux et Niestlé, Lausanne, 239 p.
Reisigl H. & Keller, R. (1989). Lebensraum Bergwald. Alpenpflanzen in Bergwald, Baumgrenze und Zwergstrauchheide. Gustav Fischer, Stuttgart, New York, 144 p.
Géomorphologie |
Illustration: Stuart Lane. Photo aérienne: © swisstopo 2013 (BA13088)
Transfert de sédiments le long du torrent du Nant des Têtes
Dans le Vallon de Nant, les torrents des Martinets, le Nant des Têtes, les Nants de la Tsabou et de la Tour sont d’une grande importance pour l’apport en eau et en sédiments. Ici, nous sommes arrivés au Torrent du Nant des Têtes.
La photo aérienne ci-dessus montre le Torrent du Nant des Têtes. On peut voir que ce torrent a deux fonctions:
Cette érosion est aussi importante car à travers le phénomène d’érosion régressive des torrents, elle peut favoriser la connexion des sédiments entre les grandes zones sédimentaires à l’amont et les plaines alluviales plus bas, et donc la livraison des sédiments.
Les 5 onglets au bas de l'écran vous permettent d'accéder aux différents contenus. Lorsque vous vous sélectionnez un onglet spécifique vous disposez de nouvelles possibilités de navigation listées ci-dessous.
Onglet «Général»Cet onglet vous donne une brève description du contenu de l’application et du contexte dans lequel elle a été conçue. |
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Onglet «Parcours»Cet onglet affiche une carte interactive du parcours et des différents arrêts. Vous disposez des fonctions suivantes:
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Onglet «Postes»Grâce à cet onglet vous avez un accès direct au descriptif des différents postes sans passer par la carte interactive. Il vous suffit de cliquer sur le nom du poste pour accéder à son descriptif. Depuis le descriptif il est possible de revenir à la liste des postes en cliquant sur l’onglet «Retour» en haut à gauche de l’écran. Il est également possible d’obtenir plus d’informations sur les lieux visités à l’aide de l’onglet «Suivant». |
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Onglet «Thèmes»L'onglet «Thèmes» vous donne des informations sur chacune des thématiques traitées. Chaque poste est lié à une de ces thématiques. |
Ce Géoguide contient deux variantes d'itinéraires, l'un allant au Col des Martinets (marqué en rouge), et l'autre passant par le Col des Pauvres (marqué en orange). Les deux itinéraires se partagent le trajet au fond du Vallon.
Les arrêts peuvent être consultés soit dans l'ordre, en parcourant l'itinéraire entièrement ou en partie, soit au gré de vos envies (via l'onglet thème ou postes) ou du lieu où vous vous trouvez (via l'onglet parcours). Orientez-vous en tout temps grâce à la carte de l'onglet parcours. Les deux itinéraires proposés sont des itinéraires de montagne et nécessitent une bonne forme physique. Par contre, il est possible d'effectuer uniquement une partie, par exemple jusqu'à l'Alpe de Nant (poste 14) ou un peu plus loin, jusqu'au poste 18 voire 55. Cette partie de l'itinéraire est plus facile d'accès.
L'accès se fait dans tous les cas depuis le Pont de Nant où se trouve également le parking si vous venez en voiture.
L'arrêt bus le plus proche se trouve aux Plans-sur-Bex qui est désservi par le Car postal depuis Bex. Un sentier pedestre de 1,5 km le long de l'Avançon de Nant et à travers les gorges permet de rejoindre le Pont de Nant depuis Les Plans-sur-Bex (compter un peu moins de 30 minutes). L'Auberge du Pont de Nant offre quelques lits en chambre ou dortoir pour ceux qui veulent rester sur place (se renseigner auprès de l'auberge en avance, tél. 024 498 14 95)
Les itinéraires proposés sont de randonnée en montagne, et un équipement en conséquence est nécessaire. Ceci comprend notamment des bons souliers de marche (souliers de montagne), des habits chauds avec équipement contre la pluie, de la nourriture et boissons pour la journée, et du matériel d'orientation en cas de mauvais temps. Notez aussi qu'il n'y a pas de réseau de téléphonie mobile à beaucoup d'endroits dans le Vallon.
Pour l'orientation, prenez aussi toujours une carte papier, la carte du Géoguide ne marchera plus une fois la batterie de votre appareil sera vidée!
Institut de géographie et durabilité et Faculté des géosciences et de l’environnement, Université de Lausanne
Contact: christian.kaiser@unil.ch
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