Résumé: |
Bien que les sociétés humaines aient intégré parmi elles des animaux domestiqués depuis plus de 10'000 ans, et que la préoccupation morale des humains pour leurs compagnons animaux soit elle aussi plurimillénaire, ce n’est que dans les années 1970 que le champ de l’éthique animale s’est formé comme domaine de recherche. Ses deux grands courants, welfariste et abolitionniste, sont des théories de la justice, qui visent l’universalité et l’impartialité. Ce faisant, elles font de l’animal domestique un objet abstrait, éloigné, homogénéisé, qui n’importe qu’en tant qu’il peut souffrir ou posséder des droits négatifs. Parallèlement, différents auteurs se sont intéressés à la relation que nous avons avec les animaux domestiques et à la communauté ainsi formée. Parmi eux, Jocelyne Porcher se distingue en affirmant que cette relation est une relation de travail, le travail étant l’investissement subjectif des animaux humains et non humains dans un vivre-ensemble. Le travail animal serait donc un travail de la relation, qui permet à notre communauté interspécifique de se perpétuer. Pour saisir cette approche par la philosophie morale, l’éthique du care semble bien adaptée, puisqu’elle se construit justement autour des relations et des activités essentielles mais invisibilisées. Le résultat de ce croisement entre travail animal et éthique du care est une éthique animale « écologisée », qui replace la relation anthropozoologique au centre de l’attention et qui reconnaît la participation des animaux domestiques au maintien du monde. |