Résumé: |
Cette étude vise à améliorer les connaissances sur la distribution et la structure interne du permafrost de parois. Nous avons pour cela mené des investigations dans les différents versant des pointes de Mourti (Val d'Anniviers), un sommet alpin occupé par un glacier suspendu dans sa face N, et culminant à 3’563 m d'altitude.
Les objectifs de l’étude sont :
1) La caractérisation de l'état thermique du permafrost dans les différentes parois du sommet à l’aide d’un suivi de la température de surface (10 cm de profondeur) de la roche ;
2) La caractérisation de la distribution du permafrost en profondeur par la réalisation de profils de tomographie de résistivité électrique (ERT);
3) La modélisation de la distribution du permafrost en profondeur à partir des données de températures ;
4) L’étude du régime thermique du glacier suspendu de la face N par l'enregistrement des températures dans deux forages de 13 m de profondeur.
Les résultats montrent une forte hétérogénéité de la distribution du permafrost. Les températures de surface moyennes annuelles sont supérieures à 0°C pour les faces E, O et SO, alors qu’elles sont de l’ordre de -4°C dans le versant N vers 3'400 m a.s.l. La reconstruction des températures de surface des différents versants depuis 1961 indique un réchauffement marqué.
Les résistivités électriques sont relativement basses, avec des valeurs comprises entre 500 et 20'000 Ωm. Des analyses d’échantillons en laboratoire suggèrent toutefois que des valeurs au-dessus de 5’000 Ωm pourraient indiquer la présence de permafrost. Compte tenu des valeurs mesurées, celui-ci serait largement répandu dans le massif, en particulier en versant N.
Les températures du glacier suspendu, quant à elles, varient considérablement d’un forage à l’autre. Dans le forage supérieur, à 3’510 m a.s.l., elles sont de l’ordre de -3°C à 13 m de profondeur, indiquant que le glacier est froid, ce qui confirme la présence de permafrost dans le versant. Dans le forage inférieur par contre, à 3’390 m a.s.l., les températures sont nettement moins froides. Elles furent même à 0°C à 13 m de profondeur au cours de l’été 2022, ce qui témoigne de circulation d’eau en profondeur. |