La pandémie du COVID-19 a démontré que la gestion des déchets ménagers n'est pas qu'un énorme défi environnemental dans les villes du Sud, mais qu'elle est également cruciale pour la santé publique, la résilience urbaine et qu'elle influence les relations de genre. Dans les pays de l'Asie du Sud, la gestion des déchets a été déclarée service essentiel pendant la pandémie, qui a transformé tout le système – des pratiques au niveau des ménages jusqu'au traitement final et au stockage. Ces changements ont souvent eu des effets négatifs sur les travailleurs, et surtout les travailleuses, qui s'occupent des déchets. Cependant les changements ont parfois aussi permis l'adoption de pratiques plus durables en matière de la gestion des déchets au niveau des ménages et des communautés. Il est probable que le Covid-19 aura également un impact à plus long terme sur les politiques, les discours et les institutions de la gestion des déchets, avec des implications pour les travailleuses et le secteur informel.

Le projet de recherche examine comment les systèmes municipaux de gestion des déchets solides au Népal et au Sri Lanka ont fait face et se sont adaptés à la pandémie actuelle. En utilisant l'approche de l'urban political ecology féministe, le projet évaluera l'impact de ces ajustements sur la résilience urbaine, la durabilité, les conditions de travail décentes et l'égalité de genre. L'objectif de la recherche est de (i) décrire les changements et les discours liés à la gestion des déchets ménagers au cours de la pandémie du COVID-19 ; (ii) évaluer leurs effets genrés sur les travailleurs du secteur formel et informel des déchets, leurs moyens de subsistance, leur santé et leur stigmatisation ; (iii) étudier les changements intervenus dans les pratiques de consommation et de gestion des déchets au niveau des ménages, en accordant une attention particulière aux relations entre les hommes et les femmes ; (iv) évaluer les impacts à plus long terme sur les politiques gouvernementales et municipales en matière de la gestion des déchets et des chaînes logistiques, ainsi que sur les discours, avec une référence spécifique à la sensibilité au genre.
Le projet sera mené par une équipe de recherche internationale et interdisciplinaire qui s'appuye sur des approches issues de la géographie, des sciences politiques, de la sociologie et des études de genre. Le noyau de cette équipe a déjà travaillé ensemble dans le cadre d'un récent projet r4d visant à tirer les leçons des expériences de gouvernance locales suite à une crise liées à la gestion des déchets ménagers en Asie du Sud. Alors que ce projet a pris comme points de référence des moments de crise localement pertinents, tels qu'un tremblement de terre, l'effondrement d'une décharge et une grève d'ordures, la pandémie du COVID-19 a involontairement fourni un moment de crise commun dans la région qui facilite l'analyse comparative.