Institut de géographie et durabilité de l'Université de Lausanne
Projets de recherche
Montagnes vivantes. L'animisme revisité par l'étude des relations avec les êtres de la montagne dans les Alpes
Domaines de recherche |
Humanités environnementales |
Mot-clefs |
Haute montagne Entretiens microphénoménologiques Anthropologie cognitive Ontologie Animisme Relations humains/non-humains Épistémologie Anthropologie Extinction des glaciers Alpes Changement climatique |
Financement | FNS Spark |
Durée | Décembre 2023 - avril 2024 |
Site Web | |
Chercheuses / Chercheurs |
Chamel Jean (Principal·e requérant·e du projet) [web] [email] |
Les hautes montagnes alpines sont fortement impactées par le réchauffement climatique et sont les sentinelles des bouleversements à venir à plus basse altitude. La perception du milieu alpin et les modes d'interaction avec lui, par les personnes qui y passent beaucoup de temps, comme les guides de haute montagne, les glaciologues, les alpinistes, les cristalliers ou les gardiens de refuge, sont bousculés par cette transformation accélérée. Cela se traduit par l'émergence de nouveaux modes de relations, comme les cérémonies funéraires pour les glaciers qui disparaissent, mais aussi des interactions plus discrètes (méditation en osmose avec un glacier, sensibilité accrue à la stabilité d'une paroi rocheuse, ascensions vécues dans un état d'« animalité », etc.)
Ce projet vise à mieux comprendre ces modes de relations en les étudiant à travers les débats anthropologiques contemporains autour de la notion d'animisme. Au-delà des méthodes ethnographiques classiques, il s'appuie sur une méthodologie développée à l'origine dans le domaine des sciences cognitives. Les techniques d'entretiens microphénoménologiques - permettant une description très fine de l'expérience vécue - et d'analyse sont adaptées au contexte d'investigation des relations sensorielles humain/non-humain. Des tournages de ces interactions sont réalisés en haute montagne et suivis d'entretiens confrontant les personnes interrogées à des traces audiovisuelles de leur expérience.
En documentant ces modes de relations qui dépassent la séparation ontologique entre nature et culture, le projet vise à remettre en question l'existence même de ce dualisme qui est généralement considéré comme constitutif de la modernité occidentale. Cette recherche ambitione de produire des avancées majeures sur la question de l'animisme et sur les relations aux entités inorganiques en anthropologie et en sciences des religions. Elle aura également un fort impact sur la société dans son ensemble : elle contribuera grandement aux débats sociaux, culturels et politiques sur ce qui est vivant ou non, et sur le type de relations que nous devrions avoir avec les autres qu'humains.