L'acquisition foncière à grande échelle (AFGE), aussi désignée sous le nom critique de « land grabbing » est un phénomène relativement récent qui représente actuellement environ 203 millions d'hectares à travers le monde. Ces investissements ont pour origine les pays développés (dont la Suisse) et ciblent généralement des terres situées dans des pays pauvres en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Les arguments en faveur du AFGE se concentrent principalement sur la nécessité d'accroître les investissements et d'opérer un transfert de technologie au service de la production agricole afin de répondre à la demande croissante de nourriture, de biocarburants et d'autres ressources naturelles utilisées pour la production de biens industriels tels que le bois, le papier, le caoutchouc, les textiles , et autres. Cependant, les récentes recherches effectuées sur les effets des AFGE soulignent avant tout un grand nombre d'aspects négatifs touchant surtout des populations rurales pauvres et vulnérables. Des études de cas ont montré que les AFGE ont conduit à des dépossessions foncières, en limitant l'accès aux zones de pâturage. Les AFGE exercent des pressions sur les ressources en eau ou les forêts et ont des incidences sur les stratégies de subsistance, la sécurité alimentaire, les revenus, les conditions de travail, provoquant ainsi des conflits sociaux conséquents. Ce projet de recherche a pour objectifs: 1) d'établir une typologie des modalités contractuelles et institutionnelles des AFGE ainsi que de mesurer leurs effets socio-économiques et agronomiques en analysant plus de 920 transactions foncières dans une base de donnée matricielle (http://landportal.info/landmatrix); 2) de concevoir un cadre d'analyse théorique et pratique permettant l'évaluation des AFGE et de le tester dans un cas concret impliquant la Suisse et un pays africain. Ce projet est basé sur une approche inter- et transdisciplinaire impliquant des collaborations étroites entre discipline et acteurs non-académiques.