Institut de géographie et durabilité de l'Université de Lausanne
Projets de recherche
Natures plurielles pour une contribution à l'habitabilité des espaces publics. Figures de nature dans le projet
Domaines de recherche |
Mondes urbains |
Mot-clefs |
Projet urbain ; modes opératoires ; nature ; habitabilité ; évaluation ; figures de nature |
Financement | ANRT - L'Association nationale de la recherche et de la technologie |
Durée | Mars 2009 - mars 2013 |
Site Web | |
Chercheuses / Chercheurs |
Delabarre Muriel (---) [web] [email] |
En milieu urbain, toute matérialité comprend nécessairement artificialité et naturalité dans des proportions incommensurables ; les éléments de nature se fondant de plus en plus étroitement au construit. Toute construction établit une nouvelle mesure du monde, une géométrie, et désigne le point de commencement, le bord d'une intériorité. Définir l'interface avec l'élément naturel est une des difficultés dans les projets urbains dès lors qu'il ne s'agit plus d'une franche opposition mais d'une hybridation. Les figures de cette hybridation progressive dans les projets urbains, où la nature est partout liée au construit, sont récurrentes : les essences végétales sont autant de « coutures » et suggèrent l'attente de ces nouveaux tissus pour apporter des qualités d'habitabilité au site ; le fond de bassins n'est plus désormais constitué par la trame technique mais par un vibrant entrelacement entre sol, végétal et eau. Lorsque tout bord et tout lien sont un élément de nature, l'effet de limite disparaît. Un vaste rhizome végétal et aquatique établit une continuité spatiale et dissout radicalement les oppositions entre naturel et construit. Ainsi la nature peut susciter des modes d'agencement projectuel extrêmement contrastés. En quoi l'expérience de la fabrique contemporaine du projet urbain dessine-t-elle des figures de nature pour l'habitabilité de nos milieux de vie ? L'analyse soutient une hypothèse fondamentale :
- la manière de produire, concevoir et gérer le projet urbain avec la nature (eau, air, végétal, humain, biodiversité, sol, etc.) déclinée tout au long du processus de projet qualifie des "figures plurielles de nature" générées par des outils ou modes opératoires de type ingénierie écologique. L'hybridation - où la nature est partout liée au construit - est constitutive de ces figures. D'essences variables, l'entrelacement de ces figures caractérise l'expression manifeste de la nature dans les projets urbains et permet de (re)créer des milieux de vie pour l'habitabilité du vivant.
En premier lieu, nous procédons à une analyse de la composante naturelle et matérielle des milieux urbains sélectionnés, de leur mode de conception et programmation ainsi que de leurs fonctions par l'intermédiaire d'une grille évaluative des agents de nature dans le projet urbain (1) (eau, air, sol, végétal, vent, ensoleillement, etc.). Toute la complexité d'une telle démarche réside dans les critères de choix de ces indicateurs, notamment lorsque l'objet d'étude se révèle mouvant spatialement et temporellement. Cet examen nous permet de distinguer des "modes d'agencements spécifiques" contenus dans chaque configuration spatiale examinée.
Puis, nous portons un vif intérêt à la dimension idéelle et subjective, deuxième versant de l'habitabilité (2). Nous nous inscrivons dans une problématique de l'expérience à travers laquelle le corps et les sens des acteurs de l'urbain trouvent droit de cité. Des parcours sur sites nous offrent l'opportunité de croiser les regards d'acteurs multiples de la production urbaine afin de recueillir leurs représentations.
Ainsi, en croisant les données empiriques de ces deux protocoles d'investigation, il nous est possible d'esquisser des figures plurielles de nature constitutives de l'habitabilité des milieux de vie.
L'examen de six opérations d'aménagement de projets urbains Lyonnaise sert de support à notre analyse : ces opérations d'aménagement nous offrent une représentation de la manière de concevoir, produire et gérer le projet urbain explicitant les rapports à la nature, mais aussi les concepts, représentations et pratiques qui y sont associés. La recherche part des projets urbains, non seulement comme une matière première illustrative, mais aussi comme un véritable corpus de référence permettant d'esquisser des "figures de nature " qualifiées de "nature in progress", "nature esthétique", "technonature" et de "nature créatrice".