Le vélo est envisagé comme un moyen efficace de transition vers la mobilité bas carbone. Le recours par la population passe en premier lieu par le développement des infrastructures et la mise sur pied d'une stratégie de cohabitation efficace des modes de déplacement.

Dans une dynamique où l'urbanisation durable est une nécessité pressante, cette recherche ambitionne de montrer que l'étude des représentations sociales de la pratique du vélo dans l'espace public offre une clé de lecture pour comprendre le retard de certaines villes comme Yaoundé et Douala en matière de mobilité durable. Métropoles situées en Afrique centrale et regroupant environ 46,8% de la population urbaine du Cameroun, elles confinent les vélos et les considèrent comme un moyen de déplacements dangereux pour ses utilisateurs et d'autres usagers de la route. À cet effet, la pratique du vélo dans les rues apparaît pour ses détenteurs ou non comme un moyen marginal de déplacements et de déclassement social.

En s'appuyant sur une démarche méthodologique qualitative et quantitative, cette recherche entend montrer comment les villes de Yaoundé et Douala peuvent impulser la dynamique de la mobilité durable en (re)devenant cyclophiles. Elle adopte une perspective comparatiste qui met en exergue Lausanne, la ville qui a la part modale du vélo la plus faible parmi les principales villes suisses (Rérat et al., 2019), pour examiner les possibilités d'action commune et spécifique à leur retard. Cette recherche apporte une plus-value indéniable aux travaux sur la pratique utilitaire du vélo, étant donné qu'elle discute les aspects innovants de la mobilité quotidienne en Afrique en général et au Cameroun en particulier où, la plupart des cas, le vélo est simplement envisagé comme un objet de divertissement réservé à la sphère privée.