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Joëlle Salomon Cavin
Maître d'ens. et de recherche - dir. adjointe

Université de Lausanne
Institut de géographie et durabilité
Mouline - Géopolis 3506
CH-1015 Lausanne
 
 
 
Tél. +41 21 692 3561
Joelle.SalomonCavin@unil.ch

Domaines de recherche


L'animal non désiré en ville

J'ai opéré un glissement ces dernières années, de la ville mal-aimée à la nature mal-aimée et, plus spécifiquement, aux animaux non désirés en ville.

Rats, pigeons, punaises de lit, blattes ou moustiques, loin de l'imaginaire enchanteur associé à la nature urbaine, l'idée a germé, à la suite d'une expérience personnelle, d'investiguer cette « autre nature urbaine », dérangeante et parfois même hostile, mais également singulièrement adaptée à l'environnement artificiel des villes.

En collaboration avec le Muséum cantonal des sciences naturelles de Lausanne, j'ai monté une exposition sur ce theme en 2022-23 et publié l'ouvrage "Indésirables!? Les animaux mal-aimés de la ville".

Mes travaux actuelles portent en particulier sur la perception et la régulation des espèces indésirables dans les espaces intérieurs.


La ville dans les sciences de la nature

Ces dernières années mes travaux se sont orientés vers la manière dont les sciences de la vie abordent la question urbaine. L'écologie urbaine a connu une importante expansion ces dernières années. Qu'elle se focalise sur les espaces verts en ville ou sur la ville comme 'anthropo-écosystème' dans son ensemble, l'écologie urbaine joue un rôle croissant non seulement dans la connaissance, mais aussi dans la gestion et l'aménagement des villes. Pourtant, l'intérêt des sciences de la vie pour la ville demeure très relatif. Le projet FNS EcolUrbs a permis de démontrer l'importance historique des idées hostiles à la ville dans les principales publications internationales en écologie, mais également que l'essor de la recherche en écologie urbaine correspond à une redéfinition plus large des objectifs, des pratiques et de la pertinence de l'écologie dans son ensemble. Plus spécifiquement explorées dans la thèse de Maud Chalmandrier, les dimensions spatiales de la recherche naturaliste locale ont mis en lumière le rôle historique joué par l'inventaire naturaliste dans l'émergence d'un intérêt écologique savant pour la ville dans le contexte suisse.


Agriculture urbaine

Alors que l'agriculture a joué un rôle important dans la construction de l'imaginaire antiurbain helvétique, la notion hybride d'agriculture urbaine et les initiatives qui l'accompagnent ont bousculé cette représentation. D'abord intéressée par l'imaginaire des relations villes-campagnes dans l'agriculture urbaine, j'ai ensuite étudié et contribué à la définition de cette pratique émergente en Suisse et en Europe ayant pris part au premier projet COST dédié à cette thématique. J'ai par ailleurs étudié son intégration dans la gouvernance urbaine, plus spécifiquement, à Genève et à Lausanne en collaboration notamment avec mes collègues doctorants Cyril Mumenthaler et Ingrid Jahrl.

Plus récemment, j'ai initié avec des collègues de l'IGD et de l'Université de Nanterre une réflexion collective sur l'engagement militant en agriculture urbaine, inspirée par la tradition du scholar activism Nord-américain en ce domaine (Reynolds & Cohen, 2016).

En continuité avec ces recherches, j'ai créé dès 2015 le premier séminaire de master en Suisse consacré à l'agriculture urbaine. Voir les vidéos réalisées par mes étudiant.e.s en 2020, 2021, 2022, 2023.


La ville des défenseurs de la nature

Après avoir été longtemps condamnée pour ses effets destructeurs et délaissée car réputée sans nature digne d'intérêt, la ville a été progressivement investie comme espace légitime d'intervention par des organisations de défense de la nature comme le WWF, ProNatura ou la Campaign to protect rural England. En dépit de cette évolution, mes recherches ont démontré la rémanence chez ces mêmes acteurs de représentations hostiles à la ville et dévalorisant la nature urbaine par rapport à des natures moins anthropisées.

Dans cette même thématique, suite à ma participation à un groupe de travail de l'Office Fédéral de l'Environnement puis à mon intégration au comité scientifique du Parc naturel périurbain du Jorat (PNP Jorat) en 2018, je me suis intéressée aux conceptions du rapport ville-nature dans la définition des parcs naturels en Suisse. Le PNP Jorat constitue un de mes terrains d'investigation privilégiés avec mes étudiantes de master.



La ville mal-aimée

la ville mal-aimée a trait aux imaginaires et pratiques hostiles à la ville. J'ai montré dans ma thèse l'influence des idéologies anti-urbaines sur la genèse de la pensée aménagiste en Suisse et, partant, la primauté donnée aux questions environnementales et agricoles. Cette problématique m'a ensuite conduite à développer des réflexions sur l'opposition ville-campagne, ville-nature et la prégnance de l'univers urbaphobe en Suisse, en France, en Grande-Bretagne et dans la perspective internationale des stratégies de la Banque mondiale.

Un enseignement commun à ces analyses de l'imaginaire urbain est que les représentations anti-urbaines ou à l'inverse pro-urbaines ont une puissance d'effectivité avérée sur la sphère de l'action politique et ce, d'autant plus qu'elles sont rarement explicitées.